Baisse des taux : encore trop de points d’incertitude

Les marchés américains réagissent négativement aux chiffres d’inflation du mois du janvier qui ressortent au-dessus des attentes avec +0,4% sur le core contre +0,3% attendu par le consensus.

Des chiffres qui étaient attendus pour confirmer les attentes des investisseurs les plus dovish sur une première détente des taux à l’horizon de mars. La probabilité d’une baisse des taux avec les futures sur fed funds tombent à 7% contre 14% la veille avec une réaction sur les marchés obligataires. 13 pb de hausse sur le 10 ans américain à +4,3%, 15 pb de hausse sur le 2 ans à 4,62% et le 30 ans à 4,45% avec 12 pb d’augmentation. Une dynamique très attentiste se dessine ainsi sur ces deux premières semaines de Février avec une très forte attention sur les résultats majoritairement tournés sur les entreprises technologiques qui tire les marchés actions et qui n’ont pas déçu. Meta plateforms enregistrait une hausse de 20,3% après une annonce du tout premier dividende de la société ainsi que d’un chiffre d’affaires trimestriel supérieur aux attentes. Une tendance qui concerne une large partie des entreprises liées à la thématique IA et semi-conducteurs, mais qui n’épargne pas les sociétés trop cycliques ou exposés au redémarrage chinois. La semaine prochaine les investisseurs porteront leurs attentions sur les résultats de NVIDIA qui a dépassé cette semaine la capitalisation boursière d’Amazon suite à des annonces du patron d’Open IA d’une levée de fonds 7000 Milliards de dollars dans le cadre du développement la capacité d’approvisionnement et de la production de semi-conducteurs. Des annonces qui renforce le positionnement du secteur technologique de NVIDIA pour l’année 2024. L’action Nvidia bondit de 3,6% (+ 45% en 5 semaines), Applied Materials de 6,9%, AMD et Intel de 1,9% mais aussi les « distributeurs » de l’IA via le « cloud », comme Microsoft (+ 1,6%), Alphabet (+ 2,0%) ou Amazon (+ 2,7%).

Pour autant, cette dynamique haussière vient alors se heurter à la réalité économique, renforcée par des discours des différents membres de la Fed qui souhaitent poursuive une guidance solide et ne pas fléchir aux anticipations des marchés. Ce lundi 13 février encore, Madame Bowman annonçait  » qu’il était trop tôt pour prévoir la date et l’ampleur de la baisse des taux d’intérêt de la Fed ». Une politique data dépendant bien comprise par les marchés qui n’ont d’autres choix que de repousser leurs anticipations. Les membres du FOMC s’appuient aujourd’hui sur des données d’activité très résiliente à l’instar de l’emploi américain. Les derniers chiffres du BLS (Bureau of Labor Statistic) faisait l’état d’une création d’emplois dans le secteur non-agricole de 353k contre 175k attendu. Parallèlement le taux de chômage se maintien des plus bas niveau 3.7% et les salaire horaire moyen en progression de 4.4% sur an. Cette solidité se retrouve dans les résultats d’entreprise qui ne semble pas être en trop grande difficulté à l’exception peut-être de certaines financières exposés à l’immobilier commerciale. Une croissance révisée à la hausse (+2,9% sur le T4), un marché de l’emploi solide, des bons résultats d’entreprises, voici un cocktail bien trop positif pour l’inflation et la banque centrale. 

Un statu quo qui serait d’autant plus justifié par des facteurs exogènes inflationnistes en recrudescence. En mer rouge mais aussi particulièrement au moyen orient ou les opérations à l’encontre du Hezbollah se sont intensifié consécutivement à la mort de trois soldats américains, guidant des représailles qui ont entraîné la mort d’un commandant du groupe armé. La politique intérieure des États-Unis est elle aussi pointée du doigt comme facteur d’incertitude même si celle-ci ne constitue pas un risque à court terme. Les déclarations d’inaptitude de Donald Trump par deux états américains aux élections présidentielles renvoient le dossier devant la cour suprême qui devra statuer sur la possibilité d’exclure l’ex-président américain des suffrages des primaires républicaines.  Pour autant la décision reste difficile dans un climat qui doit rester le plus apolitique possible, les juges ne devraient d’après les premières compte rendues pas empêcher Donald Trump de se présenter aux prochaines élections américaines. Donald Trump qui multiplie néanmoins les maladresses comme en attestent ces déclarations envers les alliées de l’OTAN sur la non-assistance des États-Unis en cas d’attaque russe ou encore sur les débats autour des aides attribués à l’Ukraine. Des sujets brûlants qui participent au flou politique outre- atlantique.

On retiendra alors que la FED dispose de trop de points d’incertitude et une détente trop rapide des taux directeurs pourrait relancer trop rapidement l’inflation. Pour autant, les derniers chiffres restent bien orientés et le mouvement de désinflation se poursuit. On attend ici en quelque sorte une validation économique que le retour vers la cible des 2% est pérenne et que le resserrement économique reste soutenable par les entreprises. Ainsi, les marchés se projettent maintenant sur une première baisse en juin avec une optique bad news is good news mais comme toute bonne prévision elle est garantie 100% « ceteris paribus »

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