Qui pourra arrêter le S&P 500 ?

Thomas Giudici
Thomas Giudici

Le S&P 500 a franchi un cap historique, atteignant une capitalisation boursière record de 50 trillions de dollars. Malgré un contexte marqué par des tensions géopolitiques au Proche-Orient, l’incertitude politique à l’approche des élections américaines et le ralentissement attendu de l’économie, l’indice phare américain affiche une performance remarquable de près de 22% depuis le début de l’année. Dans cet article, Thomas Giudici, Responsable de la gestion obligataire chez Auris Gestion, analyse cette dynamique étonnante tout en explorant les récentes évolutions économiques et les incertitudes qui entourent les prochaines décisions de la Fed.

50 trillions de dollars ! C’est le montant record que vient d’atteindre la capitalisation boursière du S&P 500. Malgré les tensions au Proche-Orient, l’incertitude politique à quelques semaines des élections présidentielles ou, encore, le ralentissement attendu de l’économie américaine, la performance de l’indice phare américain depuis le début de l’année est désormais proche de +22% et c’est même +40% (!) si l’on regarde la performance de l’indice depuis le point bas d’octobre 2023. Cette performance est tout bonnement exceptionnelle. C’est même la meilleure performance YTD depuis 1996, et ce, alors même que le VIX, qu’on appelle pourtant l’indice de la peur, a fortement augmenté dernièrement. Si le niveau actuel du VIX est biaisé à court terme par l’incertitude des élections américaines, il n’en reste pas moins qu’un tel niveau sur l’indice de volatilité alors que le S&P 500 est à un niveau record est quelque chose d’assez rare (cf. graphique de la semaine).​

Les données économiques publiées outre-Atlantique la semaine passée n’ont pourtant pas aidé à y voir plus clair et ont même plutôt ajouté de l’incertitude quant à la prochaine décision de la Fed. D’un côté les chiffres d’inflation pour le mois de septembre ont été publiés au-dessus des attentes, ce qui n’était plus arrivé depuis 6 mois. L’inflation globale continue néanmoins sa décrue, quoique moins que prévu, à 2.4% (contre 2.5% en août), soit un plus bas de plus de trois ans et demi. La déception sur ces chiffres provient du « noyau dur » avec une inflation core qui est repartie légèrement à la hausse à 3.3% (contre 3.2% attendu par le consensus, en ligne avec le mois précédent). Les tensions proviennent à la fois de phénomènes ponctuels (hausses des prix dans la santé, les billets d’avions ou dans l’habillement) qu’à des poches inflationnistes persistantes comme les assurances automobiles et, naturellement, les loyers. Ces derniers, bien qu’en ralentissement sur le mois, affichent toujours une variation annuelle proche de +5%. ​

Cependant, ces chiffres ont finalement assez peu fait réagir les marchés financiers qui avaient déjà revu à la hausse leurs anticipations de baisses des taux directeurs à la suite du dernier rapport sur l’emploi. Ces chiffres ne devraient pas non plus changer la vision de la Fed, de plus en plus confiante dans le mouvement de désinflation et qui sait que les données peuvent connaître des points volatils. De l’autre côté, et alors que la Fed est désormais davantage focalisée sur le marché de l’emploi, les nouvelles demandes d’allocation chômage ont largement dépassé les attentes à 258k (contre 230k attendu par le consensus) pour la semaine du 5 octobre, soit la plus forte hausse en 14 mois. Ces chiffres sont néanmoins à nuancer car impactés par l’ouragan Helene et la grève chez Boeing.​

Du côté de la zone euro, si le compte rendu de la dernière réunion de la BCE fait état, sans surprise, d’une approche toujours « data dependent », les membres de l’institution semblent néanmoins de plus en plus préoccupés par les perspectives de croissance. L’accélération du rythme de baisse de taux en cas de statistiques économiques défavorables est donc une possibilité qui a été évoquée. Début de réponse dès jeudi.

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