2024 : L’année des jeux politiques et de leurs conséquences économiques

Thomas Giudici
Thomas Giudici

Le premier tour des élections législatives en France n’a finalement pas réservé de surprise majeure. Comme le prévoyaient les sondages, le Rassemblement National (RN) est arrivé largement en tête avec 33% des voix, suivi par le Nouveau Front populaire (NFP, 28%) et enfin Ensemble (21%). Ce qui est plus surprenant, c’est le sursaut de mobilisation avec un taux de participation de 66.7%, un plus haut depuis 1997 ! Or, mécaniquement, cela fait baisser le seuil de qualification pour le second tour (nombre de voix supérieur à 12.5% des inscrits) et le nombre de triangulaire explose : plus de 300 contre le précédent record de 76 en 1997. Ces configurations rendent plus ardue la tâche des instituts de sondage qui, à ce stade, ne tiennent pas compte d’éventuels désistements dans certaines circonscriptions. Ces désistements pourraient néanmoins faire basculer les résultats du second tour d’autant que les différents partis politiques semblent avoir du mal à énoncer des consignes de vote précises. Il est donc compliqué d’écarter la possibilité que le RN obtienne une majorité absolue même s’il est vrai qu’au vu des dernières estimations (230 à 300 sièges selon les sondages), elle a sensiblement reculé. Pour rappel, il faut obtenir au minimum 289 sièges pour la majorité absolue. En revanche, le scénario d’une victoire du NFP, qui aurait été très peu appréciée des marchés, semble être bel et bien derrière nous. On observe ainsi aujourd’hui une détente sur les actifs liés à la France, celle-ci est la bienvenue après plusieurs semaines sous pression. Le spread OAT-Bund se rapprochait de 74 bps dans la matinée après avoir culminé à 85 lors des séances précédentes. Un retour à 50, le précédent rythme de croisière, est désormais quasiment impossible au vu des inquiétudes d’une aggravation de la situation budgétaire et des potentielles dégradations de notation qui pourraient en découler. 

De l’autre côté de l’Atlantique, la situation n’est pas plus rose. Le premier débat entre les deux candidats en vue de l’élection présidentielle américaine a finalement soulevé plus de questions qu’il n’a apporté de réponses.  Le président sortant n’a pas réussi à rassurer sur sa capacité à gérer un second mandat et a semé un vent de panique dans son camp. Qui sera la tête d’affiche démocrate le 5 novembre ? Les cadres du parti semblent sérieusement se poser la question. A noter néanmoins, il est légalement complexe pour les dirigeants du parti de l’exclure, il faudrait donc que Joe Biden se retire de lui-même, et pour l’instant, il ne semble pas être prêt à laisser sa place… D’ailleurs, n’oublions pas les élections au Royaume-Uni, jeudi prochain, qui pourraient voir le parti travailliste, écarté du pouvoir depuis 2010, l’emporter. Une élection qui devra également être suivie avec attention.

Terminons par quelques bonnes nouvelles du côté des politiques monétaires. Les statistiques s’alignent enfin pour la Fed. Après le CPI plus tôt dans le mois, le taux d’inflation PCE a lui aussi envoyé des signaux encourageants. L’inflation générale a stagné en mai (0% en glissement mensuel et +2,6% en glissement annuel) et l’inflation sous-jacente a fortement ralenti (+0,1% comme attendu et +2,6% en glissement annuel). Même son de cloche en Europe : la BCE se montre de plus en plus confiante concernant la suite de l’assouplissement monétaire à l’image des récentes déclarations de certains gouverneurs. François Villeroy de Galhau déclare ainsi que la BCE est désormais d’avantage confiante quant au retour de l’inflation à son objectif de 2%.

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