La plateforme de la sélection de fonds et de la gestion d’actifs

ARGAN et NEURONES, deux sociétés qui cochent toutes nos cases

Louis de Fels, directeur de la gestion collective de Gay-Lussac Gestion, a répondu à nos questions sur la stratégie de gestion d’un fonds maison à succès, Gay-Lussac Microcaps. Précisons d’emblée que le fonds à succès a été rouvert à la souscription, puis très rapidement refermé, au début du mois d’avril, après atteinte du seuil maximal.

FundsWatch : Si vous deviez résumer en un mot, le style de gestion…

Louis de Fels : Je mettrais en avant les termes « qualité », et « récurrence de performance ». Notre philosophie de gestion – et c’est d’ailleurs une devise chez Gay-Lussac Gestion, c’est la « valeur du temps » : c’est dans le temps long que l’on construit la performance que l’on cherche à apporter à nos porteurs de part.

FW : Plus concrètement, concernant le processus de sélection de valeurs, quelle est l’approche privilégiée, et comment mettez-vous en œuvre cette philosophie de gestion ?

LdF : Le process de gestion est strict et normé, complètement en adéquation avec notre philosophie de gestion, qui je le rappelle consiste à apporter de la performance dans le temps long, à savoir battre les indices de référence, en visant une performance annualisée de 7%. Compte-tenu des intérêts cumulés, cette hypothèse permet un doublement du capital tous les 10 ans.

Notre processus se compose de quatre étapes :

Première étape, nous cadrons l’univers de gestion. Dans le cas de notre fonds Microcaps, entre 600 et 700 valeurs sont potentiellement « investissables ». Nous allons le réduire à environ 200, grâce à 3 filtres : l’un dit de faible volatilité, permettant de classer les actions de la moins volatile à la plus volatile, un deuxième dit de faible Le bêta mesure le coefficient de sensibilité d’un fonds mesurant la relation entre les variations de ce dernier et celles de son indice de référence. Pour être valable, le bêta nécessite une parfaite corrélation entre le fonds et son indice de(…)

« >Bêta, permettant de classer les valeurs en fonction de leur corrélation au marché, et un dernier filtre, offensif celui-ci, de « momentum » (dynamique de performance positive). Nous équipondérons les 3 classements obtenus, ce qui nous permet d’aboutir à un classement final: le Top 200. A savoir des valeurs peu volatiles, peu corrélées au marché, et qui progressent régulièrement, en parfaite adéquation avec notre philosophie de gestion.

FW : Vous n’excluez donc pas a priori certains secteurs de l’univers de valeurs ? Ce sont les tamis que vous appliquez qui font que l’on ne retrouvera pas, par exemple, de biotechs ?

LdF : Exactement, il est impossible de toute façon qu’une small cap très volatile, ressorte dans le Top 200. Mais il n’y a pas d’exclusion sectorielle a priori. Les valeurs qui ressortent sont des dossiers à forte visibilité, avec un bilan très solide, affichant une récurrence de bons résultats, indépendamment des cycles. Ce mode opératoire est parfaitement assumé, notre but n’est pas en soi de battre le marché lorsqu’il est haussier, mais de passer au travers des différents cycles en offrant une récurrence de performances.

FW : A ce stade de la sélection, le talent de « stock picker » du gérant n’est pas exploité…

LdF : Le stock picking arrive en étape 2 et 3. Rappelons-nous : A l’issue de l’étape 1, nous sommes arrivés à un pool de 200 valeurs. Nous faisons une analyse macroéconomique, nous travaillons pour ce faire avec Jean-Pierre Petit, des Cahiers Verts de l’Économie, ce qui nous permet d’identifier des thématiques porteuses. Depuis que les banquiers centraux ont changé leur fusil d’épaule, en raffermissant leur politique monétaire, nous privilégions des valeurs décorrélées (situations spéciales), ou des valeurs de qualité que nous jugeons décotées. On arrive ainsi à 150 valeurs environ, en particulier dans les secteurs numériques, digitaux, logistiques.

La troisième étape est pour le coup une pure étape de stock-picking, à l’issue de laquelle une cinquantaine de valeurs restent en course.

FW : Est-ce que cette démarche ne favorise pas mécaniquement des dossiers de croissance ? Autrement dit, est-ce qu’il n’y aurait pas un biais factoriel ?

LdF : Il est vrai que dans le Top 200 aujourd’hui, vous retrouverez davantage de valeurs « Growth » que de type « Value », à nous de trouver le meilleur des deux mondes dans des niches de marché en croissance, mais qui sont à des niveaux de valorisation assez raisonnables. A noter que le PER de l’ensemble du portefeuille a perdu entre 6 et 7 points depuis décembre 2021, puisque nous avons significativement coupé des lignes à très fort PER.

FW : Pouvez-vous nous citer quelques lignes représentatives du portefeuille, construites récemment, ou qui fructifient depuis longtemps ?

LdF : Nous avons quasiment depuis la création du fonds une ligne en actions ARGAN, qui est une foncière immobilière logistique, un dossier qui coche pour nous toutes les cases. Détenue à 55% par la famille Le Lan, Argan est l’exemple parfait d’une récurrence de performances à travers les cycles, qui se traduit parfaitement dans son parcours boursier.

Dans un univers très différent, nous apprécions également l’ESN (entreprise de service du numérique) Neurones, qui affiche 26 années de croissance organique positive. Fortement génératrice de cash, et généreuse envers ces actionnaires, l’entreprise de conseil (Management, Organisation et Digital) et de Services Numériques coche également toutes nos cases.

Je peux vous citer également IGE+XAO, dans le domaine de la conception assistée par ordinateur. Le groupe est extrêmement bien géré, tellement bien qu’il est convoité par Schneider Electric, qui en détient 67,76%. Nous n’avons toujours pas apporté nos titres, et nous nous battons pour empêcher la stratégie de Autre dossier qui nous tient à cœur, pour la défense des minoritaires et de nos porteurs de part : SMTPC (Société Marseillaise du Tunnel Prado Carénage). Eiffage et Vinci, actionnaires majoritaires de la société autoroutière, ont décidé de sortir l’action en offrant une prime bien trop chiche pour les minoritaires. Nous nous battons, tout comme Pascal Quiry, professeur de Finance à HEC, et actionnaire de l’entreprise, pour montrer le potentiel de revalorisation du dossier.

Propos recueillis par Alexandre TIXIER

*A l’heure où nous diffusons cette interview, l’Assemblée Générale annuelle des actionnaires de Schneider, en cours, doit approuver le projet d’OPAS (offre publique d’achat simplifiée), par l’une de ses filiales (Schneider Electric Industries SAS (SEISAS)) au prix de 260 par action IGE+XAO.

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