Chine : qu’attendre désormais pour 2023 ?

Le XXème Congrès du parti communiste chinois, qui s’est terminé fin octobre, a donné lieu à des changements discrets, mais capitaux. D’autre part, l’économie du pays peine à rebondir, pénalisée par les mesures de zéro-covid et par la faible demande intérieure.

Le Congrès du parti communiste chinois a, sans surprise, débouché sur une reconduction de Xi Jinping à la tête du gouvernement. L’ancien 1er ministre

Li Keqiang a été remplacé par Li Qiang, auparavant gouverneur de Shanghai, à l’origine de confinements stricts dans sa ville. Le président chinois s’est surtout écarté de ses opposants, qui incarnaient une aile plus « libérale ». La vidéo, qui a fait le tour du monde, de l’ancien président Hu Jintao, évincé physiquement de l’amphithéâtre d’où se tenait le Congrès est symptomatique. Ce dernier incarnait une vision relativement plus « ouverte » de la Chine, notamment vis-à-vis des Etats-Unis. Dans la lignée de ses réformes mises en place en 2021, Xi Jinping semble toujours ambitionner une croissance plus « inclusive », notamment pour les catégories sociales les moins favorisées.

Concernant la dynamique de l’activité économique, rien n’a véritablement changé depuis notre dernier édito consacré à la Chine en septembre. Les moteurs de la croissance tournent toujours au ralenti. Les ventes au détail ont fait état d’un recul de 0,5 % sur un an en octobre, après avoir, ces derniers mois, oscillé loin des standards historiques. La balance commerciale s’est également dégradée, atteignant des plus bas de mai 2020. En outre, la confiance des entreprises – mesurée par les enquêtes PMI – s’ancre en territoire de contraction (indices < 50), ce qui laisse augurer une poursuite de la décélération. Enfin, le secteur immobilier ne s’est pas redressé et les promoteurs restent pénalisés par de nombreuses difficultés. A la différence des pays développés, la Chine n’a en revanche pas à lutter contre des pressions inflationnistes galopantes. L’inflation « totale » s’y est ainsi établie à +2,1 % sur un an en octobre, et à +0,60 % pour celle dite « cœur » (hors énergie et alimentation). Au total, nous estimons que la Chine achèvera cette année avec une croissance inférieure à 3 %, loin de l’objectif de 5,5 % affiché en début d’année par l’exécutif.

Qu’attendre désormais pour 2023 ?

Après plusieurs rumeurs au cours du mois de novembre, la politique zéro-covid n’a pas été abandonnée. Pis encore, les cas de covid-19 ont explosé peu de temps après la fin du Congrès, et de nouveaux confinements ont été décrétés. De manière inattendue, une gronde sociale s’est toutefois manifestée au sein du pays, laissant le gouvernement face à ses contradictions. En fin de semaine dernière, les autorités ont finalement décidé de lâcher du lest, en annonçant que ces mesures allaient entrer dans une « nouvelle phase ». De son côté, la Banque centrale de Chine (PBOC) semble désormais prête à embrasser la rhétorique du parti, en mettant l’accent sur la reprise de l’activité économique de manière synchrone avec le gouvernement, qui a récemment multiplié les annonces, notamment concernant l’immobilier. Dans les faits, la relance monétaire devrait rester timide. La conjonction de ces éléments, ainsi qu’une doctrine zéro- covid plus « légère » à horizon mi-2023, devrait permettre un rebond de la croissance l’année prochaine aux alentours de ~4-4,5 %, loin du sentier de croissance des années pré-covid.

Pour l’économie mondiale, d’autres interrogations subsistent. La réouverture de la Chine est-elle de nature à accentuer les pressions inflationnistes ? Quid des relations internationales dans un monde fragmenté depuis l’invasion de l’Ukraine ? A la première question, nous serions tentés de répondre par l’affirmative, mais dans un monde où la croissance ralentit et où les politiques monétaires sont restrictives, rien n’est moins sûr. Pour la seconde, les tensions commerciales devraient par exemple perdurer (semi-conducteurs…), avec cependant davantage de subtilité que sous l’ère Trump. A moyen terme, la balance des risques penche toujours du mauvais côté, et la place de la Chine comme moteur de l’économie mondiale est questionnée. Durant cette transition, d’autres pays tireront peut-être leur épingle du jeu, à l’instar de l’Inde…

Source : Ecofi, au 2 décembre 2022 – Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des perfor- mances futures. Document non contractuel. Le présent document contient des éléments d’information, des opinions et des données chiffrées qu’Ecofi considère comme exacts ou fondés au jour de leur établissement en fonction du contexte économique, financier ou boursier du moment. Il est produit à titre d’information unique- ment et ne constitue pas une recommandation d’investissement personnalisée.

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