Comment se profile l’année 2023 vue d’Europe et d’Asie ?

Éric BERTRAND : 2022 a été une année de grands changements. Vu d’Europe, nous pouvons estimer qu’au moins quatre de ces mutations resteront d’actualité pour 2023 : les tensions géopolitiques, avec la guerre en Ukraine ; des prix de l’énergie durablement élevés, obligeant à diversifier les sources d’approvisionnement en attendant de bas- culer sur une énergie décarbonée ; une inflation qui est revenue au premier plan après avoir disparu pendant 20 ans et qui va ne reviendra pas sur les niveaux pré-crise ; la fin du mythe de l’argent gratuit et illimité qui fait peser des menaces sur le financement des dettes souveraines, à long terme.

Jean-Marie MERCADAL : Vu d’Asie ces éléments sont interprétés comme le fait que l’Europe ressort de cette crise très affaiblie, à l’image de l’Allemagne dont beaucoup pensent qu’elle a perdu son leadership. Mais l’Asie se focalise plutôt sur les relations entre les États-Unis et la Chine qui sont considérées comme beaucoup plus importantes pour la conjoncture des deux zones, et qui ont connu une nette amélioration avec la reprise du dialogue entre les deux pays l’an dernier. Il est difficile d’en tirer des enseignements pour l’évolution des marchés européens, mais il est probable qu’à moyen terme, le manque d’unité au sein de la zone Euro affichée lors de cette année de crises pourra générer des tensions sur la question des disparités de niveaux de dettes.

La Chine revient-elle dans le jeu des marchés ?

Jean-Marie MERCADAL : Le changement de politique Covid en Chine fin 2022 a surpris par sa radicalité. Et cela s’est traduit par une accélération de la dynamique économique chinoise, qui s’est désynchronisée de la conjoncture américaine. C’est une bonne nouvelle égale- ment pour l’économie européenne.

Éric BERTRAND : Oui cela change claire- ment la donne ! Vu d’Europe, nous avions intégré dans nos prévisions l’impact du ralentissement chinois sur les actifs risqués jusqu’en novembre, mais nous avons commencé en fin d’année dernière à opérer des révisions à la hausse. À l’inverse, nous sommes désormais plus prudents car si l’économie chinoise continue à accélérer, il faudra en retour intégrer le retour des tensions sur les marchés de l’énergie et des matières premières. Cela ne nous semble pas encore pris en compte par les investisseurs.

Il faut donc rester prudent pour 2023 ?

Jean-Marie MERCADAL : L’année devrait être globalement positive pour les actifs financiers mais le marché l’a bien anticipé et est probablement allé un peu trop vite. Nous pensons donc qu’il vaut mieux se montrer prudents à court terme.

Éric BERTRAND : Effectivement, le marché semble avoir déjà enjambé les six prochains mois de manière un peu trop rapide. L’année 2023 devrait selon nous bien se terminer mais il peut encore y avoir des moments compliqués à gérer, notamment en relation avec l’évolution de l’inflation ou des politiques monétaires des Banques Centrales qui semblent avoir été mis de côté un peu trop vite.

Quels sont les risques à surveiller cette année ?

Éric BERTRAND : La question de la dette est l’éléphant au milieu de la pièce. Il faudra la surveiller de très près, ainsi que l’évolution de l’inflation. En Europe, nous sommes passés de 200 milliards d’euros de besoins de refinancement en 2022 à plus de 800 milliards attendus cette année. Pour le moment, il semble que le marché préfère l’oublier, mais cela ne peut pas durer éternellement.

La bonne nouvelle c’est que les potentiels de rendement sont de retour sur les marchés obligataires souverains, sur le crédit « Investment Grade(1) » et le « High Yield(1) ». Ces classes d’actifs re- trouvent un véritable intérêt au sein des allocations d’actifs.

(1) Les obligations spéculatives à « Haut rendement », ont une note de crédit (de BB+ à D selon Standard & Poor’s et Fitch) plus faible que les obligations « Investment Grade » (notées de AAA à BBB- selon Standard & Poor’s et Fitch) en raison de la santé financière plus fragile de leurs émetteurs selon les analyses des agences de notation. Elles sont donc considérées comme plus risquées par les agences de notation et offrent en contrepartie des rendements plus élevés.

Les analyses présentées dans cette communication publicitaire reposent sur des hypothèses et des anticipations d’Ofi Invest Asset Management, faites au moment de la rédaction de la communication qui peuvent être totalement ou partiellement non réalisées sur les marchés. Elles ne constituent pas un engagement de rentabilité et sont susceptibles d’être modifiées.

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