États-Unis – zone euro : le grand écart

Thomas Giudici
Thomas Giudici

La publication des indicateurs d’activité PMI de part et d’autre de l’Atlantique pour le mois de novembre a été le reflet de l’écart abyssal qui existe désormais entre les deux zones. Les dynamiques économiques y sont bien différentes et se traduisent par des performances boursières qui n’ont maintenant plus grand chose de comparable. La zone euro est plus que jamais pénalisée par ses deux (ex) locomotives engluées, qui plus est, dans des blocages politiques. Alors qu’on se demande encore comment la France va réussir à ramener dans le droit chemin ses finances publiques (sans, espérons-le, trop impacter la croissance), l’Allemagne, quant à elle, doit totalement revoir son modèle économique en place depuis les années 90 et la réunification : des exportations vers la Chine, du pétrole et du gaz russe bon marché et du protectionnisme américain. Sur les trois, il n’en reste aucun.

Aux États-Unis, les indicateurs d’activité ont donc, une nouvelle fois, confirmé l’exception américaine. Le PMI composite atteint ainsi 55.3 contre 54.1 en octobre, soit un plus haut depuis avril 2022, tiré par les services qui frôlent la surchauffe (57 contre 55 le mois précédent) tandis que le secteur manufacturier reste en phase de contraction. Tout semble aller pour le mieux outre-Atlantique : les prix à la production ralentissent, les tensions sur le marché du travail diminuent et, surtout, les prévisions des chefs entreprises atteignent des points hauts de deux ans et demi notamment grâce à la politique,pro-business voulue par la nouvelle administration américaine.

L’image est moins reluisante en zone euro. Le PMI composite est ainsi repassé fortement en phase de contraction sur le mois (48.1 contre 50 en octobre). Alors que les services compensaient jusque-là la faiblesse du secteur manufacturier, ils sont, contre toute attente, repassés sous le seuil des 50, mettant ainsi fin à neuf mois de croissance. La zone est clairement pénalisée par la faiblesse de la demande intérieure et la crainte de nouveaux droits de douane aux États-Unis plombe la confiance des chefs d’entreprises qui ne peuvent toujours pas compter sur le redémarrage chinois. La BCE n’a donc pas le choix que d’accélérer son rythme de baisses de taux malgré une croissance des salaires qui reste forte. A 5.4% au troisième trimestre, c’est la plus forte progression depuis 1993 !

Enfin, alors que les nominations du futur gouvernement Trump se poursuivent, celle de Scott Bessent – fondateur du hedge fund Key Square après avoir travaillé avec George Soros – comme secrétaire au Trésor a été plutôt bien perçue par les marchés financiers comme en témoigne la baisse des taux d’intérêt américains à 10 ans. Au-delà d’être plus consensuel que les autres nominations, Scott Bessent a plusieurs fois exprimé sa préoccupation sur le dérapage de la trajectoire de la dette américaine qu’il compte réduire en contrôlant les dépenses et en augmentant les recettes fiscales grâce à plus de croissance, notamment via la dérèglementation. De quoi accentuer plus encore le grand écart avec l’Europe…

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