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Fonds d’Investissement : Comment la compression des frais révolutionne le marché américain et européen ?

Les gérants d’actifs, tant aux États-Unis qu’en Europe, font face à une pression croissante pour réduire les frais de leurs produits. Ce phénomène, appelé compression des frais, est souvent perçu comme bénéfique pour les investisseurs puisqu’il leur permet de maximiser leurs rendements. Toutefois, un livre blanc publié par Broadridge révèle que son impact sur les gérants est plus complexe et nécessite une analyse approfondie des forces sous-jacentes. Capital Insight décrypte cette analyse.

Un marché en mutation

Quatre facteurs principaux à l’origine de la baisse des frais selon le livre blanc Broadridge : la réglementation, l’émergence de parts plus transparentes (« cleaner share classes »), la croissance des investissements passifs, et la concentration du secteur. Ces forces varient selon les marchés, notamment en Irlande, au Luxembourg, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Au cours des dix dernières années, un transfert massif d’actifs des fonds actifs vers les fonds passifs, notamment les ETF, a eu lieu. Cette évolution, en grande partie motivée par les coûts inférieurs des produits passifs, a entraîné une baisse significative des frais pour les deux types de fonds. Au Royaume-Uni, les frais des fonds gérés passivement ont diminué de 74 %, tandis qu’en Irlande, cette baisse est de 40 %.

La pression réglementaire

Les réformes réglementaires jouent un rôle central dans cette transformation. Aux États-Unis, la Section 15(c) de l’Investment Company Act de 1940 et la réglementation Reg BI ont renforcé la responsabilité des gestionnaires envers les investisseurs en termes de coûts. De l’autre côté de l’Atlantique, le Royaume-Uni a introduit des règles strictes telles que l’« Assessment of Value » et la « Consumer Duty », qui visent à garantir que les investisseurs obtiennent un bon rapport qualité-prix. Ces régulations ont directement conduit à une baisse des frais, particulièrement au Royaume-Uni, où la diminution a été la plus rapide ces dernières années.

L’essor des produits passifs

L’une des principales conclusions du rapport est la montée en puissance des produits passifs. Aux États-Unis, plus de la moitié des actifs sont désormais investis dans des fonds passifs, une tendance également observée en Irlande. Cela a contribué à une réduction marquée des frais des fonds gérés activement. Toutefois, le rapport souligne une curiosité : l’écart entre les frais des produits actifs et passifs s’est élargi au cours des dix dernières années, suggérant que le prix des produits actifs ne diminue pas au même rythme que celui des passifs.

Concentration du secteur et économies d’échelle

Le rapport souligne également que la concentration du secteur contribue à la réduction des frais. Aux États-Unis, par exemple, les dix plus grands gestionnaires d’actifs contrôlent 71 % des actifs, contre 56 % au Royaume-Uni et 42 % au Luxembourg. Cette concentration permet aux grands gestionnaires de bénéficier d’économies d’échelle, qu’ils répercutent ensuite sur les investisseurs sous forme de frais plus bas. Cependant, cette concentration limite également les choix des investisseurs en rendant difficile l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché.

Vers l’avenir

Alors que les frais atteignent un plancher dans certains marchés, comme aux États-Unis et au Royaume-Uni, le rapport prévoit que les frais des fonds en Irlande et au Luxembourg pourraient encore baisser. L’adoption de modèles de gestion à faibles coûts, semblables à ceux des États-Unis, pourrait également pousser les frais des ETF européens à la baisse.

Les petites et moyennes sociétés de gestion d’actifs devront se concentrer sur l’efficacité des coûts pour rester compétitives face aux géants du secteur. Par ailleurs, certains segments, notamment les ETF actifs ou les investissements privés, pourraient voir leurs frais augmenter légèrement en raison des spécificités de leurs mandats d’investissement.

Le marché des fonds aux États-Unis et en Europe est en pleine transformation. La compression des frais, impulsée par la réglementation, l’essor des produits passifs et la concentration du secteur, devrait se poursuivre. Toutefois, les gestionnaires devront trouver un équilibre entre la réduction des coûts pour les investisseurs et la viabilité de leurs opérations à long terme.

Lire le livre blanc Broadridge

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