La plateforme de la sélection de fonds et de la gestion d’actifs

La hausse des taux freine-t-elle l’engouement des particuliers pour la bourse ?

Le dernier tableau de bord trimestriel de l’AMF[1] sur les investisseurs particuliers actifs montre, sans surprise, un tassement de l’activité boursière de la population retail française. Mais quand on regarde les chiffres de plus près, on voit que le nombre d’investisseurs bouge peu, en dépit de l’accumulation des risques économiques et géopolitiques intervenus l’an passé. En ce début d’année 2023, alors que l’inflation se traduit plus nettement dans les rendements des produits de taux offerts au grand public, les particuliers vont-ils se détourner massivement de la bourse ?

Le nombre de particuliers ayant réalisé au moins 1 transaction en bourse en 2022, tous instruments confondus, était de 1 684 000 en 2022, à comparer à 1 712 000 un an plus tôt, soit une baisse de seulement 2%. Ce nombre reste très nettement supérieur au chiffre de 2018 (1 231 000, soit +37%), avant que l’introduction en Bourse de la Française des Jeux ne vienne lancer une nouvelle dynamique pour les particuliers en Bourse, dynamique qui n’a fait que se confirmer depuis. Ainsi, sur la période 2019-2022, plus de 1,3 million de nouveaux investisseurs sont arrivés sur les marchés d’actions. Dans un contexte de choc d’inflation et d’un niveau de risque géopolitique au plus haut depuis des décennies, ces chiffres semblent contre-intuitifs. Comment les interpréter et quel enseignement en tirer pour l’année à venir ?

Au-delà du nombre d’investisseurs particuliers, il convient de regarder les volumes : le même tableau de bord fait état de 42,2 millions de transactions réalisées en 2022, soit une baisse de 24%, nettement plus significative que le nombre d’investisseurs particuliers.

Alors à quoi s’attendre pour l’année à venir ?

Le baromètre de la Banque de France sur l’épargne des ménages pour le 4e trimestre n’est pas encore paru, mais le précédent[2] nous donne déjà des indications sur les tendances de fond en matière d’allocation de l’épargne. On y voit en effet que les encours sur les produits de fonds propres se maintiennent au 3e trimestre, ce qui est cohérent avec les données de l’AMF. Les flux sont cependant légèrement négatifs pour les actions détenues en direct ou via des OPCVM, la progression étant réalisée sur les investissements en titres non cotés ou à travers les enveloppes d’assurance vie ou d’épargne retraite. Face à cela, on observe logiquement une augmentation de l’épargne investie en produits de taux, avec une progression très forte sur les dépôts bancaires rémunérés (+24,4 milliards au T3), en particulier sur l’épargne réglementée. Avec la hausse des rémunérations des dépôts bancaires et du livret A, cette tendance devrait se poursuivre.

Est-ce pour autant un frein pour les actions ? Pas forcément, car la Banque de France relève pour le 4e trimestre (indicateur avancé) des flux nets fortement négatifs (-16,3 milliards) sur les dépôts à vue. Ainsi, les ménages ont compris que leur épargne doit travailler : cela va bénéficier aux produits de taux, mais probablement aussi aux actions.

Il est encore un peu tôt pour l’affirmer : un indicateur intéressant consiste à analyser l’appétit des investisseurs particuliers pour les introductions en Bourse. Depuis le 1er janvier les IPO piétinent, alors que le début d’année est en général une période de forte demande pour les nouvelles cotations. Comme le rapportent Les Echos[3], seulement 8 sociétés ont été introduites en Europe, pour 1 milliard d’euros levés. Sur la même période en 2022, elles étaient 24 pour plus de 4 milliards levés. Sur le marché français, il y a eu une seule opération à date, l’introduction de la société « Le permis libre », pour laquelle la demande des particuliers est restée timide, à moins de 1,8 M€. L’an passé, 3 sociétés avaient été introduites en janvier/février, pour une demande moyenne de près de 5 M€. En 2021, 3 sociétés également, avec une demande moyenne record de 48 M€, qui avait été le signal de départ d’une année boursière exceptionnelle.

Plusieurs opérations sont dans les starting blocks d’ici fin juin : il faudra les suivre avec attention et analyser les facteurs de performances, au rang desquels, après l’effet d’allocation de l’épargne, la qualité de la communication tient une place de choix.

Tribune rédigée le 28.02.2023 par Mathieu Calleux, Directeur Général de Calyptus, Agence de communication financière et corporate

Mathieu Calleux, DG de Calyptus   Mathieu a 25 ans d’expérience en communication financière, précédée par 10 ans d’expérience en finance de marché (Crédit Agricole) et finance d’entreprise (groupe Renault). Il conseille les dirigeants de sociétés cotées sur tous les aspects de leur communication financière et corporate, et a notamment des références dans les secteurs Cleantech, Industrie, TMT, santé. Il est diplômé de l’Ecole des Mines de Paris, du MS Finance Internationale HEC et est certifié par la SFAF et le CIIA en tant qu’analyste financier.


[1] Tableau de bord n°9, janvier 2023 https://www.amf-france.org/sites/institutionnel/files/private/2023-01/TB%20Suivi%20Evolution%20Investisseurs_N9_0.pdf

[2] Banque de France, Épargne et Patrimoine financiers des ménages* – T3 2022 https://www.banque-france.fr/statistiques/epargne-et-comptes-nationaux-financiers/epargne-des-menages/presentation-trimestrielle-de-lepargne-des-menages

[3] 24/02/23 : « Les introductions en bourse à l’arrêt en Europe »

Partager cette publication
URL de partage
Précédent

« L’inflation et l’effet Kiss Cool » avec Philippe Waechter (Ostrum AM)

Suivant

Après quelques semaines de déni, les taux souverains remontent…

Accès Premium actif !

Vous avez désormais accès à toutes les publications Premium.