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La sélection de fonds au-delà des illusions simplistes

Par Thibault Le Flanchec, PhD (Co-fondateur associé Financière de La Clarté)

On dit souvent qu’il n’y a pas de repas gratuit dans le domaine de l’investissement. Malheureusement pour la plupart des investisseurs, il n’y a pas non plus de plan discipliné à long terme…

En fait, il me semble que la raison de nombreux problèmes actuels est que la mesure du rendement est l’une de ces bonnes idées qui, d’une manière ou d’une autre, sont devenues totalement incontrôlables ! Dans de nombreux cas, l’application intensive des techniques de mesure de la performance a servi à entraver l’objectif qu’elles sont censées servir, à savoir l’obtention d’un taux de rendement satisfaisant sur le capital investi.

Pour tout dire, je suis vraiment un ardent défenseur de la mesure minutieuse des performances. Je rejette simplement certains systèmes utilisés. L’une des grandes faiblesses de la mesure moderne de la performance est qu’elle tente souvent de tirer des conclusions utiles et significatives en se basant uniquement sur des données quantitatives couvrant une période de temps relativement courte. Une ou deux ans de données quantitatives aideront rarement quiconque à arriver à une conclusion utile ou à une évaluation significative d’un gérant de fonds. Pourtant, c’est ce que les « mesureurs » de performance tentent souvent de faire. À l’autre extrême, j’admets volontiers que si l’intervalle de temps couvert par les données est de 15 ou 20 ans, il n’y aurait aucune raison d’utiliser des mesures qualitatives.

Pour aller plus loin, au-delà des mesures quantitatives, il me semble que la caractéristique exceptionnelle que les meilleurs gérants de fonds ont en commun est une philosophie d’investissement bien définie qui s’est avérée efficace sur une longue période de temps, comme 20 ou 30 ans. La plupart de ces gérants s’en tiennent étroitement à cette philosophie d’investissement, à peu près contre vents et marées. En outre, il me parait important de stipuler que la plupart des bons gérants de fonds sont rationnels, froids, méthodiques et disciplinés.

Je noterai par ailleurs que les aléas à court terme sont principalement le produit d’un grand nombre d’investisseurs, bien informés et agressifs qui tentent tous de surperformer l’univers d’investissement sur une base mensuelle et trimestrielle ! D’après nos observations chez Financière de La Clarté, les bons gérants de fonds ne jouent pas à ce jeu et tentent de prendre des décisions d’investissement à long terme conformes à une philosophie bien définie. Le marché lui-même ne représente vraiment rien de plus qu’un pendule qui oscille d’avant en arrière à travers la ligne médiane de la rationalité.

Je tiens cependant à nuancer mon propos, je ne dirai pas que les données de performance quantitatives à court terme sont totalement inutiles. Au contraire, ces données sont souvent très utiles comme indicateur inverse. Lorsque je cherche un bon fonds, je suis une procédure semblable à la suivante :

  1. Je m’assure que le gérant soit réellement indépendant et financièrement cultivé.
  2. Je vérifie que le gérant dispose d’une philosophie d’investissement claire et éprouvée.
  3. Puis, après avoir identifié les fonds qui répondent à mon cahier des charges, je sélectionne celui qui est le plus éloigné de la mode actuelle (donc potentiellement avec la plus mauvaise performance à court terme).

Si la plupart des conseillers financiers cherchent les meilleurs fonds à court terme, sans ce soucier des philosophies de gestion, leurs chances de gains à long terme me semblent relativement faibles. En fait, la sélection de fonds sur la base des performances à court terme ressemble à si m’éprendre à la roulette russe. Cathie Wood était glorifiée et Warren Buffett raillé pendant la récente bulle, l’histoire a fait son œuvre, comme toujours. Une petite référence philosophique ne faisant pas de mal, je rappellerai Voltaire dans l’Ingénu : « Le temps adoucit tout ».

Pour en revenir à notre sujet central et au risque d’enfoncer une porte ouverte, l’application de techniques de mesure de la performance à court terme met la pression sur les gérants de fonds pour qu’ils changent leur approche juste au moment où il ne le devrait pas ! Il est important d’indiquer que les systèmes de mesure de la performance ont souvent créé une pression incroyablement intense pour une performance relative à court terme alors que ce que nous et nos clients recherchons réellement est une performance absolue à long terme.

Au risque de passer pour un investisseur ennuyeux, je tiens à souligner que je considère le market timing comme la pire hérésie de notre époque. À mon avis, le market timing n’existe pas ou, pour le dire autrement, il est tout simplement impossible de prédire les fluctuations des cours des actions avec un quelconque degré de précision ou de cohérence. L’histoire et les nombreuses études académiques en sont la preuve formelle.

Le marché boursier a été conçu de telle sorte qu’il ne peut aller que dans deux sens : vers le haut ou vers le bas. Par conséquent, au cours d’un mois, d’un trimestre ou d’une année, c’est une probabilité mathématique que de toutes les personnes prêtes à s’enregistrer en tant que conseillers en investissement financier, la moitié auront raison dans leurs prévisions. Et si vous prenez la frange lunatique de la moitié qui va avoir raison, ils vont avoir spectaculairement raison. Tant que de nombreux investisseurs au pays des merveilles continuent de croire que ceux qui ont spectaculairement raison lors d’une hausse ou d’une baisse spectaculaire des cours des actions ont raison grâce à leur diligence, leurs compétences et leur travail acharné, et peuvent donc faire une série de performances répétées, alors le père noël vivra pour toujours.

Il me semble en effet que la seule façon de produire des résultats supérieurs au fil du temps est de faire un meilleur travail de recherche et un meilleur travail de sélection. Si vous revenez en arrière et regardez les fonds avec des records à long terme de performances supérieures, vous n’en trouverez aucun qui y est parvenu grâce à ce qu’on appelle le « market timing ».

À bien des égards, choisir un gérant de fonds, c’est un peu comme choisir sont partenaire de vie. La lune de miel est presque toujours bonne, car chaque partie anticipe une relation idyllique et a tendance à ignorer les preuves du contraire. Il y a généralement une période légèrement tendue de six à douze mois au fur et à mesure que chaque partie prend conscience que l’autre a au moins quelques imperfections. Au fur et à mesure que le temps passe, il devient de plus en plus facile d’identifier une mauvaise relation qui ne réussira pas. Les mauvais mariages et les mauvais fonds peuvent être identifiés avec une conviction considérable en seulement quelques années. Cependant, les bons mariages et les bons fonds peuvent souvent prendre beaucoup plus de temps à s’apprécier.

À mon avis, les seules causes valables de congédiement à court terme sont entièrement qualitatives. Voici quelques règles que j’utilise :

  1. Si la composition du fonds change considérablement et souvent
  2. Si la rotation du fonds se situe constamment autour de 100 %.
  3. Si la gérant perds de son indépendance
  • Si le gérant change de style de gestion et de philosophie d’investissement
  • Si le gérant perds son humilité !

Comme vous pouvez le constater à partir de ce texte, Financière de La Clarté considère que la gestion de l’argent est un véritable métier et non une nouvelle forme d’art. De bons résultats d’investissement nécessitent un travail acharné et une volonté d’accepter un risque s’il est raisonnable.

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