L’activité industrielle mondiale stagne de nouveau cet été

Le S&P 500 a connu sa plus forte baisse depuis début aout hier (-2,1%) à cause de la baisse de près de 10% de Nvidia. Le spécialiste de l’intelligence artificielle fait partie des entreprises assignées à comparaître par le ministère de la Justice pour de possibles violations des lois antitrust. Et les marchés restent orientés à la baisse ce matin. Cela nous conforte quant à notre prudence sur les marchés américains qui souffrent d’une forte concentration alors que le leadership en termes de secteurs pourrait changer.

D’autant que le marché intègre déjà un fort soutien de la Fed, avec une baisse de plus de 200pb du taux directeur anticipée d’ici un an. Si une telle baisse n’est pas impossible en cas de détérioration marquée de l’économie américaine, elle nous semble trop agressive en l’absence de récession. Dans ce contexte, les chiffres d’emploi américain publiés vendredi seront primordiaux.

En attendant, nous avons appris que le cycle industriel stagne de nouveau cet été alors qu’il avait enfin commencé à se reprendre un peu au 2ème trimestre. En effet, le PMI manufacturier global baisse de nouveau un peu en Aout à 49,5pt après être passé sous les 50pt en juillet. Si cela n’indique pas un retournement du cycle pour le pire, cela suggère que la croissance mondiale devrait rester limitée dans les prochains mois.

Si l’activité industrielle stagne en Asie et continue de se contracter en zone euro, elle ralentit de nouveau aux Etats-Unis. En effet, l’ISM manufacturier reste nettement en zone de contraction en aout à 47,2pt, seulement légèrement au-dessus de son niveau du mois dernier, et l’indicateur avancé nouvelles commandes – stocks chute à un plus bas depuis un an et demi. De plus, le PMI manufacturier de S&P global converge vers le niveau de l’ISM et des enquêtes régionales alors qu’il résistait un peu mieux jusque-là. Au moins du point de vue industriel, il n’y a pas d’exceptionnalisme américain.

La France se cherche toujours un gouvernement, qui aura dans tous les cas des marges de manœuvres limitées. Or il fera immédiatement face à des choix budgétaires compliqués. Alors que la France doit proposer un budget début octobre et prouver à la Commission européenne qu’elle ajuste son « déficit excessif », Bercy prévient que le déficit public pourrait atteindre 5,6% du PIB cette année au lieu des 5,1% prévus. Ce nouveau dérapage budgétaire fait tache, surtout comparé à l’Italie qui semble capable d’atteindre l’objectif de réduction du déficit à 4,3% cette année. Cela justifie une certaine prudence sur la dette française par rapport aux dettes des pays du Sud malgré la prime qui persiste.

L’Allemagne fait face à une situation conjoncturelle dégradée et à une incertitude politique croissante, ce qui traduit en partie des problèmes structurels en particulier quant à son industrie. Dans ce contexte, Volkswagen, le plus grand constructeur automobile allemand, a annoncé qu’il envisage de fermer des usines en Allemagne pour la première fois et de mettre fin à une garantie d’emploi en place depuis les années 1990.

Monde : l’activité industrielle mondiale stagne de nouveau cet été

Monde : l’activité industrielle mondiale stagne de nouveau cet été

Après être passé en zone de contraction pour la première de l’année en juillet, le PMI manufacturier mondial baisse de nouveau en aout, de 49,7 à 49,5pt. Les composantes production et emploi passent en zone de contraction en aout. Cela est cohérent avec une stagnation de la production industrielle mondiale cet été, elle qui avait légèrement augmenté au T2. La composante nouvelles commandes stagne à 48,8pt en aout et la confiance des industriels reste limitée, ce qui ne suggère pas une amélioration nette dans les prochains mois.

Monde : les PMI manufacturiers sont globalement en zone de contraction en aout

Monde : les PMI manufacturiers sont globalement en zone de contraction en aout

Cela dit, le détail géographique ne suggère pas un effondrement du cycle industriel, puisque les PMI manufacturiers montent (et baissent) dans la moitié des pays couverts par l’enquête.
En particulier, le PMI manufacturier stagne en zone euro depuis 3 mois, même si c’est à un niveau très faible (45,8pt). C’est un peu mieux que la baisse indiquée dans l’estimation initiale. Le PMI manufacturer baisse de nouveau en Allemagne (42,4) mais se stabilise en France (43,9) et rebondit en Italie (de 2pt à 49,4).
En dehors de la zone euro, les PMI manufacturiers s’améliorent un peu au Japon (49,8) et en Chine (50,4), où il indique une stabilisation de l’activité. Et il reste étonnement solide au Royaume-Uni (52,5). En revanche, il baisse nettement aux Etats-Unis où il converge en zone de contraction vers les autres indicateurs industriels américains (cf. Infra).

Etats-Unis: l’ISM manufacturier n’est pas encourageant pour l’industrie

Etats-Unis: l’ISM manufacturier n’est pas encourageant pour l’industrie

La faiblesse du cycle industriel touche aussi les Etats-Unis. L’ISM manufacturier reste nettement en zone de contraction en aout à 47,2pt, remontant seulement marginalement après sa chute à 46,8pt en juillet. Surtout, le détail de l’enquête n’est pas encourageant pour les perspectives. La légère hausse en aout vient de l’emploi, qui se contracte un peu moins fortement que le mois dernier mais toujours de façon importante (ISM emploi à 46pt). Surtout, la production et les commandes baissent plus fortement et les stocks augmentent. Au total, l’indicateur avancé nouvelles commandes – stocks chute à un plus bas depuis un an et demi. Cela ne plaide pas pour une amélioration rapide de l’ISM dans les prochains mois.

Ce n’est pas un indicateur catastrophique pour l’économie américaine. En effet, le ISM manufacturier reste au-dessus de ses niveaux habituels durant les récessions (i.e. sous les 45pt). Et l’industrie ne pèse que pour 10% dans l’économie américaine. Dans cette optique, l’ISM services publié jeudi sera plus important pour juger la croissance américaine en aout. Mais cela confirme que le cycle industriel est dégradé, même aux Etats-Unis où la demande est pourtant solide, ce qui n’est pas encourageant pour le dynamisme de la croissance.

France : les perspectives budgétaires se dégradent encore plus

France : les perspectives budgétaires se dégradent encore plus

Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie démissionnaire, a prévenu que le déficit public français pourrait atteindre 5,6 % du PIB cette année. C’est loin des 5,1 % prévus par le gouvernement en avril (15 Mds), et cela serait en augmentation par rapport au dérapage budgétaire de l’année dernière (à -5,5% du PIB). Cela rendrait encore plus difficile l’atteinte de la cible de 4,1% de déficit qu’avait présenté le gouvernement aux autorités européennes pour l’année prochaine.
Et ce dérapage budgétaire ne vient pas, contrairement à d’habitude, d’une croissance moins forte que prévue par le gouvernement, car la croissance française est en bonne voie pour atteindre les 1% prévu pour cette année. Mais cela vient principalement de recettes budgétaires plus basses que prévues, comme en 2023.

Italie : l’exécution budgétaire semble sur les rails cette année

Italie : l’exécution budgétaire semble sur les rails cette année

La situation budgétaire française est plus dégradée que celle l’Italie, qui est en bonne voie pour atteindre le déficit de 4,3% du PIB prévu par le gouvernement. Le déficit de trésorerie du gouvernement central fin aout s’élève à 87 milliards d’euros, soit « seulement » 10% au-dessus de celui de 2023 alors que le gouvernement prévoyait une hausse de presque 40% (en raison des crédits d’impôt liés au Superbonus). Cela rend crédible l’atteinte de la cible budgétaire annoncée pour cette année, ce qui semblait optimiste il y a encore quelques mois. Et c’est une bonne nouvelle car l’Italie, aussi mise sous procédure de déficit excessif par la commission, s’est engagée à réduire son déficit à 3,6% l’année prochaine et à revenir sous les 3% de déficit dès 2026.​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​

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