Le pétrole va-t-il voler la vedette à la Fed sur les marchés ?

  • La Fed se réunit ce soir. Elle devrait maintenir son taux directeur inchangé à 5,5%, mais laisser la porte ouverte à une possible dernière hausse de taux d’ici la fin de l’année. Surtout, les marchés regarderont de près les nouvelles projections de taux directeurs des membres de la Fed qui pourraient indiquer moins de baisses de taux en 2024.
  • Mais la Fed se fait presque voler la vedette cette semaine sur les marchés par le pétrole, dont le prix a dépassé hier les 95 dollars par baril pour la première fois depuis novembre. Cette hausse de plus de 20% par rapport à la moyenne du 2ème trimestre vient principalement de la limitation de l’offre, même si la demande est un peu plus forte qu’attendue. Il s’agit donc en grande partie d’un choc d’offre qui, s’il persiste, va ralentir la normalisation de l’inflation et surtout va peser sur les perspectives de croissance (en particulier en Europe et en Asie).
  • Nous pensons que le rebond du pétrole est exagéré, renforcé par le repositionnement des investisseurs qui étaient négatifs jusqu’à récemment, et notre scénario prévoit que les prix du pétrole reviennent vers les 85 dollars par baril à court terme. Mais si le prix du pétrole reste au niveau actuel, nous estimons que cela pourrait réduire la croissance de la Zone Euro de l’ordre de 0,3pp par rapport à notre scénario central, entrainant une légère récession fin 2023-début 2024
  • Pour l’inflation, des prix du pétrole durablement à leur niveau actuel feraient repasser l’inflation énergétique en territoire positif dès le début de l’année prochaine et ajouterait jusqu’à 0,5pp à l’inflation en 2024. Avec une inflation plus nettement et plus longtemps au-dessus de la cible, le risque de désencrage des anticipations d’inflation augmenterait malgré la faiblesse de l’économie et la BCE ne serait pas à l’aise pour baisser les taux dès le 2ème trimestre de l’année prochaine comme nous l’anticipons.
  • Maintenant que la réunion de la BCE est passée, les membres de la BCE recommencent à intervenir dans la presse pour défendre leurs idées. Les membres austères poussent pour accélérer la réduction du bilan en avançant la fin des réinvestissements dans le cadre du programme PEPP (jusque-là pas prévu avant fin 2024 au plus tôt). Les membres plus accommodants souhaitent que les gouvernements prennent leur part à la réduction de l’inflation pour ne pas avoir à durcir encore les conditions monétaires. Enfin, le gouverneur de la Banque de France indique qu’il voit le taux directeur rester à 4% longtemps, suggérant implicitement qu’il n’y aura plus de hausse de taux supplémentaire.

Fig.1  Pétrole : le prix est en hausse de 20% par rapport à sa moyenne du 2ème trimestre

Graph eco du matin

Le prix du pétrole a dépassé les 95 dollars par baril et les 90 euros par baril hier pour la première fois depuis novembre, soit plus de 20% au-dessus de sa moyenne du 2ème trimestre. Cela soutient les anticipations d’inflation et renforce la pression sur les banques centrales qui sont toujours en lutte contre l’inflation persistante, ce qui pousse les taux d’intérêt à 10 ans vers des nouveaux plus hauts depuis plus d’une décennie aux Etats-Unis et en France (à 4,35% et 3,3% respectivement). Cela met également sous pression les devises des importateurs de pétrole face au dollar, avec un euro-dollar qui est retombé sous les 1,07. Le durcissement des conditions financières associé à l’impact récessif de la hausse du coût de l’énergie pèse sur les actifs risqués, les actions européennes étant retombées à leur point bas de mi-août.

Si une hausse du prix du pétrole pousse toujours l’inflation à la hausse, son impact sur l’économie dépend de la cause de cette hausse (plus fort s’il s’agit d’un problème d’offre), de la réaction des banques centrales (plus fort si l’inflation est déjà trop haute) et bien sûr de la balance commerciale en pétrole.

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