L’environnement de l’investissement en 2024 : les perspectives s’améliorent pour les obligations et devises

Les marchés obligataires mondiaux n’ont jamais connu une période de volatilité aussi prolongée qu’au cours de ces deux dernières années. 

Nous pensons néanmoins que nous approchons de la fin d’une période qualifiée par certains de «plus grand marché obligataire baissier de tous les temps». En effet, les perspectives pour les marchés obligataires développés et émergents s’éclaircissent enfin.

Les investisseurs devraient enregistrer des gains supérieurs à la moyenne sur les marchés obligataires mondiaux l’année prochaine, grâce à des coupons générant davantage de revenus, à une croissance nominale plus faible de l’économie mondiale et à des banques centrales qui détournent progressivement leurs politiques monétaires du resserrement agressif mené ces derniers temps.

Alors que les taux d’intérêt ont atteint leur maximum ou s’en approchent dans la plupart des économies et que l’inflation va probablement reculer (même si la baisse sera progressive et marquée du sceau de la volatilité), certaines banques centrales pourraient commencer à réduire les taux d’intérêt, un processus qui a déjà commencé dans plusieurs pays en développement.

Les économies développées devraient suivre le mouvement. Nous pensons que la Fed procédera à deux baisses au cours du dernier semestre, tandis que la BoE pourrait surprendre le marché en devenant, dès le mois de mai, la première grande banque centrale à abaisser ses taux. La BCE devrait, elle aussi, s’attaquer aux taux d’intérêt, mais dans une moindre mesure que son homologue américaine.

Les rendements se tournent vers le sud

Les rendements des obligations d’État des grandes économies devraient reculer d’environ 50 points de base en moyenne. Nous prévoyons que les rendements des bons du Trésor américain de référence à 10 ans termineront l’année prochaine à 4%, ce qui devrait permettre une performance totale des obligations mondiales – telle que la mesure l’indice JP Morgan Global Aggregate Bond – d’environ 7% en 2024.

De l’Italie et des États-Unis au Royaume-Uni et au Canada, les investisseurs dans la plupart des obligations souveraines des pays développés peuvent s’attendre à enregistrer des plus-values après inflation l’année prochaine. Aux États-Unis, les bons du Trésor protégés contre l’inflation (TIPS) semblent particulièrement attrayants en cas de persistance de l’inflation en raison des conflits au Moyen-Orient.

Graphique du crédit
Source: Refinitiv, Pictet Asset Management. Données au 27.11.2023. * La performance totale est ajustée en fonction du rendement actuel des opérations de roulement. Nous utilisons le taux des swaps d’inflation à 5 ans/le point mort lié à l’inflation pour estimer les attentes du marché concernant l’inflation future (prévision d’inflation moyenne à 5 ans du FMI utilisée pour la Suisse (1,6%) et la Chine (2,1%)). La performance réelle moyenne à long terme des obligations américaines s’élève à environ 2% par an.

Les marchés obligataires japonais et suisse devraient résister à la tendance positive. Ces marchés affichent de faibles rendements et des perspectives de performance annualisée après inflation – ou rendements réels – négatives.

Les investisseurs devraient éviter les obligations d’État japonaises, notamment car la Banque du Japon semble prête à normaliser sa politique monétaire. Elle mettrait ainsi fin aux taux d’intérêt négatifs en début d’année avant d’augmenter les coûts d’emprunt à court terme au cours de 2024. Nous pensons que le Japon sera le seul pays où les rendements de référence augmenteront d’ici à la fin de 2024.

Surveiller les déficits

Le risque pour les obligations d’État des marchés développés vient des déficits budgétaires croissants et d’une augmentation de l’offre obligataire qui en résulte.

Aux États-Unis, les émissions du Trésor ont augmenté afin de combler le déficit budgétaire croissant du pays, qui est en partie aggravé par les hausses de taux de la Fed.

Parallèlement, ses valorisations ne sont plus attrayantes, les obligations mondiales ayant attiré plus de 240 milliards de dollars depuis janvier, soit au moins deux fois plus que les actions. De plus, une part record des investisseurs interrogés surpondère la classe d’actifs et table sur une baisse des rendements obligataires, ce qui pourrait réduire les risques haussiers pour les cours obligataires.

Dans la dette d’entreprise, nous apprécions les obligations d’entreprises de haute qualité. Alors que nous entrons dans une période d’inflation plus faible et de ralentissement de la croissance, nous privilégions le crédit investment grade plutôt que les obligations à haut rendement. Les spreads sur le haut rendement américain s’élèvent à 400 points de base, une étroitesse injustifiable compte tenu de notre prévision de hausse des taux de défaut au-dessus de la moyenne historique de 3,6%. Selon nos calculs, le spread actuel de 400 points de base correspond à une croissance du PIB américain supérieure à 3%, à une normalisation complète des normes de crédit et à des taux de défaut bien inférieurs à la moyenne – un scénario qui a peu de chances de se produire.

Ailleurs, les arguments en faveur d’une allocation de capitaux dans les obligations des marchés émergents sont solides, en particulier en Amérique latine. La dette émergente en devise locale a déjà bénéficié des baisses de taux. Comme les banques centrales émergentes ont commencé avant leurs homologues développées à maîtriser l’inflation, elles sont en meilleure position pour soutenir la croissance avec une politique monétaire plus accommodante – un cycle qui devrait s’accélérer selon nous.

La perspective d’une appréciation des monnaies émergentes signifie que ces obligations pourraient gagner encore plus, notamment parce que les économies émergentes pourraient prochainement surperformer leurs homologues développées. Nous prévoyons que l’écart de croissance entre les marchés émergents et les pays développés se creusera à 3 points de pourcentage l’an prochain.

Selon nos modèles, les devises des marchés émergents se négocient jusqu’à 20% en dessous de leur juste valeur. Alors que les différentiels de rendement – un facteur important dans l’évolution des devises – pourraient se resserrer en faveur du dollar, nous pensons que la croissance supérieure des pays émergents devrait aider leurs devises à s’apprécier au cours de l’année à venir.

Les dettes des marchés émergents libellées en devise forte devraient également surperformer. Leur rendement actuel de 9% est en effet le plus élevé sur le marché des obligations souveraines et se situe environ 200 points de base au-dessus de sa moyenne sur 10 ans.

Nous nous attendons à un resserrement marginal des spreads des obligations émergentes. Associé à la baisse des rendements aux États-Unis, il devrait permettre à cette classe d’actifs d’enregistrer une performance totale bien supérieure à 10% en 2024.

Le déclin du dollar

Sur les marchés des changes, nous pensons que le dollar va entrer dans une période de baisse lente, mais continue. Son avantage de rendement sur ses homologues des marchés développés s’estompera avec la chute de la croissance du PIB américain sous le niveau de la plupart des autres économies développées en 2024.

Nous tablons sur une baisse du dollar d’au moins 5% par rapport à son panier de devises l’année prochaine.

C’est le yen qui devrait le plus profiter de la faiblesse du billet vert. Son taux de change effectif réel est inférieur de plus de 20% à sa moyenne sur 10 ans. En outre, d’après la parité de pouvoir d’achat, la devise japonaise est inférieure d’environ 40% à sa juste valeur.

La baisse des différentiels de rendement entre les États-Unis et le Japon en faveur du yen devrait aider à réduire cet écart de valorisation au cours de l’année à venir.

Les investisseurs sont également de plus en plus attirés par l’or. La baisse des taux réels américains et l’affaiblissement du dollar devraient profiter au métal précieux, même si sa valorisation n’est plus attrayante après une progression de près de 10% cette année, notamment dans le sillage des attaques terroristes du Hamas contre Israël.

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