Les élections européennes sont venus rajouter de l’incertitude sur les marchés financiers

Si la semaine passée et celle qui s’ouvre s’annonçaient déjà particulièrement chargées en publications macroéconomiques et décisions de politiques monétaires, les résultats des élections européennes de ce week-end, et notamment l’actualité politique en France, sont venus rajouter de l’incertitude sur les marchés financiers et sortir les indices de volatilité de leur torpeur.

Du côté des banques centrales, la BCE, qui tenait sa réunion de politique monétaire, a opté pour une baisse hawkish comme nous le mentionnions dans notre dernier rendez-vous du lundi. Si la réduction de 25 bps des différents taux directeurs ne constitue pas une surprise en soi, tant ce mouvement avait été martelé par la plupart des membres de l’institution européenne, la publication concomitante d’une révision à la hausse des prévisions de croissance et d’inflation en zone euro pour cette année a pu surprendre certains investisseurs. S’il est vrai que qu’une baisse des taux aurait sûrement été plus pertinente lors de la réunion de mars dernier, nous considérons néanmoins que celle-ci est justifiée. L’inflation, quoique persistante avec encore certains risques haussiers, est désormais loin de ses plus hauts et le retour vers la cible de 2% n’est pas remis en cause. Par ailleurs, les prévisions de croissance restent en deçà de la croissance potentielle de la zone alors que l’activité économique est particulièrement sensible au contexte de taux. Ces éléments permettent donc, selon nous, à la BCE de motiver cette décision d’autant plus que les taux restent encore assez largement en territoire restrictif. Dans le fond, le discours de Christine Lagarde est finalement resté sensiblement le même : la BCE reste confiante dans la poursuite du mouvement de désinflation mais le chemin va rester « cahoteux ». Cette incertitude sur la durée justifie donc de rester « data dependent » et de ne pas donner d’indication sur une trajectoire prédéfinie des taux directeurs. Nous noterons néanmoins qu’en intervenant avant la Fed et hors période de récession, cette décision est historique.

Du coté des États-Unis, les dernières données macroéconomiques ont confirmé la difficulté à faire des prévisions sur la zone. Si les surprises économiques étaient dernièrement plutôt orientées à la baisse avec, par exemple, les indicateurs d’activité ISM et les JOLTS (nombre de postes ouverts) publiés sous les attentes, le rapport sur l’emploi du mois de mai est venu mettre à mal l’idée d’une fébrilité de l’économie américaine. Si certaines données confirment néanmoins le ralentissement du marché du travail, la vigueur des créations d’emplois et la progression des salaires au-delà des attentes devraient permettre à la Fed de garder ses taux directeurs inchangés lors du FOMC de cette semaine.

Nous ne pouvons pas finir ce billet hebdomadaire sans mentionner les résultats des élections européennes et le cas particulier de la France avec la dissolution de l’Assemblée nationale. Au niveau de l’Europe, nous noterons que si la poussée de l’extrême droite est notable, les grands équilibres au sein du parlement ne sont pas fondamentalement remis en cause (cf. le graphique de la semaine). Concernant la France, il est assez difficile de se prononcer à chaud mais il paraît assez évident qu’une période d’incertitudes s’ouvre. Si le Rassemblement National (RN) est le grand favori de l’élection, la victoire n’est pas pour autant acquise. Un « sursaut républicain » est encore possible tout comme une victoire potentielle d’une énième union de la gauche. Et quand bien même le RN gagnerait les élections, les victoires de Giorgia Meloni en Italie et, dans une moindre mesure, de Donald Trump aux États-Unis, nous ont montré que ces périodes de volatilité peuvent aussi constituer des bons points d’entrée sur les marchés.

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