Les géants du numérique méritent-ils des likes ?

Alors qu’Elon Musk a racheté Twitter fin avril pour 44 milliards de dollars en s’érigeant désormais en protecteur de la liberté d’expression, la question des droits humains, du droit à la vie privée et à la liberté d’expression des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) et autres acteurs du numérique n’a jamais été autant d’actualité dans l’analyse Environnementale, Sociale et de Gouvernance des sociétés.

En effet, le levier économique ne pouvant constituer le seul moteur de développement de ces sociétés, il faut, pour soutenir ce secteur de manière durable, faut s’appuyer sur plusieurs dimensions en prenant aussi en compte le facteur humain et environnemental. Les acteurs du numérique font déjà l’objet de plusieurs critiques. L’impact sur les communautés des troubles de l’attention, l’addiction, l’exposition excessive aux écrans, le travail des enfants dans la chaîne d’approvisionnement des fournisseurs en minerais dits du conflit et la consommation énergétique des data centers sont des exemples concrets d’enjeux ESG pointés du doigt par les analystes depuis quelques années. 

D’autres aspects en général moins visibles sont tout autant préoccupants. La collecte et la gestion de la donnée, les politiques éditoriales et la plus ou moins grande modération appliquée par les GAFAM doivent être analysées à l’heure où la liberté d’expression est remise en cause par certains, dans un contexte particulièrement tendu avec la problématique de la gestion du contenu des grands réseaux sociaux privés et la multiplication des messages prônant la violence, la haine, les « fake news », le complotisme… Enfin, les pratiques anti-concurrentielles font également l’objet de critiques, même si les instances réglementaires commencent à s’armer face aux mauvaises pratiques du secteur. 

La Commission européenne a par exemple pris deux mesures visant à influencer les stratégies des acteurs du numérique : le Digital Services Act et le Digital Markets Act qui devraient entrer en vigueur en janvier 2023. Ces textes prévoient d’imposer aux plateformes en ligne qui proposent leurs services en Europe, de supprimer les contenus illégaux, d’assurer que les produits proposés à la vente ne soient pas contrefaits, mais aussi de faire preuve d’une plus grande transparence vis-à-vis des algorithmes qu’elles utilisent pour orienter les utilisateurs vers certains contenus. Enfin ces règlements serviront de gardes fous aux pratiques anticoncurrentielles et auront pour but de créer un espace commercial plus équitable pour les différentes entreprises du numérique, tout en renforçant la liberté de choix des consommateurs.

Le barème des amendes a été également adapté à la puissance des groupes du numérique : en cas d’infraction, leur montant pourrait atteindre 6 % du chiffre d’affaires mondial, ce qui, pour les géants du secteur, représente plusieurs dizaines de milliards de dollars. En cas de récidive, des cessions d’activités pourront être imposées.

Pour autant, la partie est loin d’être gagnée. Le règlement général de protection des données (RGPD), pourtant prometteur, a montré que les GAFAM savaient trouver des échappatoires au cadre qui leur était imposé. Dans ce sens le travail des analystes et des sociétés gestion engagées dans l’investissement responsable est crucial, d’abord pour trouver les acteurs les plus vertueux mais aussi pour inciter ceux ayant de mauvaises pratiques à s’améliorer comme en atteste le nombre croissant de résolutions d’actionnaires aux assemblées générales des géants numériques. Rien que cette année Amazon en a reçu plus de 15 !

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