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L’italien ALA porté par le cycle fort de la défense en Europe

Si l’Histoire ne se répète pas, elle rime, disait Mark Twain. Avec les tensions géopolitiques de ce début d’année et la guerre en Ukraine furent mises en évidence les carences de la défense européenne. L’Europe s’est résolue à combler son retard pour atteindre les 2% du PIB que les dépenses militaires doivent peser selon l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord). Elles devraient accélérer à un rythme annuel de 6% au cours des cinq prochaines années contre 4% entre 2015 et 2020*. Cela fait longtemps qu’on n’avait pas vu ça.

Source : Goldman Sachs : Étude sectorielle Europe Aerospace & Defense, 13/06/2022

Gay-Lussac Gestion, spécialiste des petites et moyennes sociétés européennes, a repéré une entreprise qui opère dans un segment de l’aéronautique d’importance stratégique : les petites pièces de rechange et les consommables. S’il manque des rivets dans la voilure d’un Airbus, il est interdit de vol. Or laisser un avion immobilisé coûte beaucoup plus cher que les quelques centimes ou euros qu’on facture pour ces petites pièces. Les fabricants d’avions ont donc tout intérêt à s’appuyer sur des fournisseurs efficaces et fiables, en dehors de toute considération de prix, en particulier dans cette conjoncture où les ruptures d’approvisionnement sont fréquentes. L’investissement dans des entreprises performantes, qui distribuent des éléments peu chers mais indispensables, peut être particulièrement attractif. L’italien ALA est justement l’une d’entre elles.

Le groupe basé à Naples, doté d’un réseau d’entrepôts dans cinq pays européens et aux Etats-Unis, est un spécialiste de l’externalisation de la chaîne d’approvisionnement de composants et pièces détachées pour les constructeurs et les sociétés de maintenance dans la défense et l’aviation. ALA dont 60% de son activité sont réalisés dans la défense, voit plusieurs de ses clients, comme Dassault Aviation et Leonardo, publier des carnets de commande particulièrement solides cette année. Leonardo, le premier client du groupe, enregistre une demande record sur ses marchés clés grâce à l’augmentation des ventes d’Eurofighters, de radars Captor-E, de missiles MBDA et de systèmes de défense. Son usine de Cameri produit les avions de combat F35 de Lockheed Martin dont les ventes pourraient atteindre cinq cents unités en Europe au cours des prochaines années. Sur ce site pourrait se trouver la maintenance de la flotte européenne de F35. ALA pourrait se trouver devant un potentiel notable de développement avec ce client historique et avec d’autres acteurs.

La gestion de la chaîne d’approvisionnement des composants et pièces détachées sera cruciale dans ce contexte de pénuries et de nouveau cycle de la défense. ALA semble bien placé pour accompagner ses clients dans l’optimisation des approvisionnements. Une fois que la chaîne d’approvisionnement est externalisée, il devient complexe pour l’avionneur de faire machine arrière. ALA en a bien conscience et compte renforcer son empreinte en Italie et à l’international où le groupe opère déjà dans six pays, en partie grâce à de petites opérations de croissance externe bien ciblées.

Pour Paul Edon, analyste buy-side chez Gay-Lussac Gestion, le cours d’ALA ne parait pas refléter suffisamment la qualité de l’entreprise et son potentiel de développement. ALA est parvenu à se distinguer en matière de qualité face de gros acteurs comme le chinois Align, par ailleurs exclu des appels d’offre liés à la défense en Europe, et Boeing qui détient tout de même plus de 20% du marché. Introduite en bourse en 2021, la société a poursuivi sa croissance et atteint 131 millions d’euros de chiffre d’affaires. En dépit de la chute du trafic aérien commercial en 2020 et 2021, elle est parvenue à maintenir son activité et augmenter sa marge d’EBITDA à 11%, soit le double de son niveau en 2017. En mai dernier, la direction a annoncé vouloir porter le chiffre d’affaires à 200 millions d’euros d’ici 12 à 18 mois et atteindre une marge d’EBITDA à 12% à moyen terme.

Gardons en mémoire que les marchés aéronautiques comportent des risques. Par exemple, l’industrie militaire est concentrée du côté des fournisseurs comme de celui des clients. Les besoins en fonds de roulement, pour une entreprise comme ALA, avoisinent 38% du chiffre d’affaires et peuvent pénaliser la génération de trésorerie. Par ailleurs, sur 125 millions d’euros de capitalisation, seul l’équivalent de 28 millions d’euros figure dans le flottant. La liquidité représente donc un enjeu sur ce titre.

À l’instar d’autres valeurs européennes de la défense et de l’aéronautique civile, le titre a profité du changement de paradigme en matière de sécurité et d’indépendance sur le vieux continent.  Depuis le 31 décembre, le cours est passé de 11 euros à 13,95 euros à la bourse de Milan (6 juillet 2022). Si la thèse développée par Gay-Lussac était confirmée, la société estime que le cours pourrait atteindre 17 euros.

*OTAN : Rapport des dépenses allouées à la défense des pays membres entre 2014-2021 – 31/03/2022 – https://www.nato.int/cps/en/natohq/news_193983.htm
Achevé de rédiger le 6 juillet 2022

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