L’oeil du CGPI : point de gestion du mois d’octobre

  • Le FMI a ramené à 2.7% ses prévisions de croissance mondiale pour 2023
  • Le durcissement des politiques monétaires aux États-Unis approche un pic
  • Les orientations politiques chinoises inquiètent les investisseurs étrangers
  • La valorisation des actions européennes illustre le pessimisme extrême des investisseurs

LE CONTEXTE

Les mois s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Le mois d’octobre a vu un regain d’appétit pour les actifs risqués sur fond d’espoir d’un ralentissement des politiques monétaires restrictives.

L’indice S&P 500 américain affiche un gain de 8.10% sur le mois, signant une des meilleures performances mensuelles de son histoire.

Pour autant, les espoirs peuvent être douchés très rapidement car la bataille prioritaire contre l’inflation est loin d’être gagnée. De plus les incertitudes sur le contexte mondial empêchent de faire des prévisions valables à une échéance de douze mois. Une tendance est certaine, la croissance va ralentir.

Nous avons identifié quatre raisons majeures de ce ralentissement :

  1. L’invasion de l’Ukraine entraînant une flambée des prix des énergies.
  2. Les politiques monétaires des grandes banques centrales ont fait un virage à 180° passant de l’abondance de liquidités à la restriction et la hausse des taux.
  3. La baisse des actifs entraîne une baisse de la richesse. Le cumul du krach actions ET des obligations est historique.
  4. Enfin la politique zéro COVID en Chine amène un fort ralentissement de la croissance chinoise moteur de la croissance mondiale.

RÉCESSION OU RALENTISSEMENT ÉCONOMIQUE ?

Rappelons que la définition de l’INSEE de la récession est une croissance négative pendant deux trimestres consécutifs. Nous l’avons déjà observé aux États-Unis qui sont avancés sur le cycle par rapport à l’Europe. Cependant, bien que dégradées de mois en mois, les anticipations de croissances en Europe et dans le monde restent positives à ce stade. Nous avons donc bien une croissance qui ralentit, mais qui ne tombe pas (encore) à zéro avec les indicateurs actuels.

Les prévisions reculent. Le FMI tablait en début d’année sur une croissance mondiale pour 2023 de 3.8% puis a révisé sa projection en juillet à 2.9% et aujourd’hui nous sommes à 2.7%. L’Asie et les pays émergents sont les seuls à tirer leur épingle du jeu avec une accélération de la croissance pour 2023. En parallèle, les prévisions d’inflation continuent de progresser.

Voici les données mondiales de l’inflation du FMI :

  • 2021 inflation 4.7%
  • 2022 inflation 8.8%
  • 2023 inflation 6.5%
  • 2024 inflation 4.1%

Vous comprendrez aisément l’inquiétude et la posture des banquiers centraux qui ont une cible d’inflation à 2%. Rappelons que le rôle des banques centrales et de garantir la stabilité des prix et du système financier. Elles vont donc continuer d’augmenter les taux. Peut être avec un rythme moins soutenu, mais elles doivent impérativement faire retomber l’inflation.

LE CLUB MED SOUS PRESSION

Rassurez-vous, il ne sera pas question de vacances au soleil, mais plutôt de comprendre les conséquences des politiques monétaires restrictives sur les États cancres que l’on appelle le Club Med dans les milieux autorisés. Les États qui dépensent plus qu’ils ne gagnent comme la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal. Ces États pour qui la hausse des taux va amener leurs dettes abyssales à un coût qui sera très préjudiciable à soutenir pour leur économie. Ces États qui devront sortir les pieds de l’eau chaude de la méditerranée pour faire des économies et augmenter les impôts afin de soutenir une dette de plus en plus pesante avec les taux qui montent.

L’Europe se fragmente donc sur les choix de politiques budgétaires et monétaires entre les pays du Nord adeptes de l’orthodoxie budgétaire et les pays du sud adeptes des soirées open-bar. Il est probable que cela contraigne les banques centrales à revoir leur cible d’inflation au-dessus de 2% afin de ne pas mettre trop sous contraintes ceux qui ne pourront suivre le rythme. Une inflation plus élevée dans la durée réduit mécaniquement le coût de la dette. Elle pénalise en revanche les détenteurs d’obligations (épargnants avec livret A, LDD, fonds euros, etc.) et les salariés (les salaires ne seront pas indexés sur l’inflation).

L’IMMOBILIER AMÉRICAIN SOUS PRESSION

Aux États-Unis, la forte hausse des taux hypothécaires (équivalent de notre crédit immobilier en Europe) a provoqué un recul prononcé de la construction. Le nombre de transactions et les prix des maisons sont en baisse. L’immobilier est un marché très regardé outre-Atlantique. L’accès à la propriété fait partie du rêve américain et les crises ont souvent un corollaire avec l’immobilier. Nous rehaussons légèrement notre anticipation précédente des taux directeurs de la FED (Réserve fédérale américaine). Nous avions projeté un niveau final de 4.5%. Nous sommes aujourd’hui à 4% et nous pensons que l’atterrissage se fera dans une fourchette de 4.5% à 5%. Rappelons que c’est le point clef pour un changement de ton de politique monétaire. Une montée au-delà de ce niveau nous semblerait trop contraignante au risque de provoquer une nouvelle crise immobilière majeure.

UN CONGRÈS POUR LES GOUVERNER TOUS

Le XXe congrès du parti communiste Chinois a entériné les pouvoirs absolus de Xi Jin Pin en le reconduisant président à vie avec une opposition réduite à néant. Bien qu’il eût été utopique de penser qu’il en soit autrement, les investisseurs ont pris massivement la fuite des actifs chinois entraînant une baisse historique des indices boursiers. Les déclarations sur l’indépendance politique d’une Chine unie (comprendre avec Taïwan), la confirmation du bien-fondé de la politique zéro COVID n’ont pas aidé à rassurer les observateurs étrangers. La sanction est lourde, le principal indice des actions chinoises baisse de 54% depuis son point haut. C’est une capitulation des investisseurs étrangers…

Notons toutefois la volonté d’une croissance économique forte qui implique une croissance du PIB de 4.4% par an. La prospérité commune nécessaire à une hausse du niveau des classes moyennes pourrait être le préambule à l’instauration de nouvelles taxes. Un allègement des contraintes sera également nécessaire dans le courant de l’année 2023.

Une ombre au tableau persiste. Le président BIDEN dans le conflit économique qui l’oppose à la Chine a restreint les transferts technologiques dans les semi-conducteurs. C’est un élément clef dans le développement des secteurs stratégiques des technologies et de l’intelligence artificielle.

LES MARCHÉS

Nous restons convaincus que le ralentissement économique combiné aux politiques des banques centrales va faire baisser l’inflation. Cela devrait permettre une stabilisation du marché des obligations. Les indices boursiers européens et américains ont fortement rebondi en octobre. C’est une réaction qui fait suite à un excès de pessimisme que nous évoquions dans notre rapport trimestriel. Les valorisations devenant très attractives, les investisseurs professionnels attendent les moindres signes d’amélioration pour investir leurs liquidités.

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