Marchés financiers : Une rentrée déjà chargée

Evidemment, les déclarations de J. Powell à la conférence de Jackson Hole la semaine dernière ont non seulement soutenu la plupart des actifs, mais vont largement dominer le comportement des opérateurs dans les mois à venir. En effet, le président de la Fed a sonné le tocsin pour le début de l’assouplissement monétaire aux Etats-Unis, qui devrait commencer en septembre. Nous l’attendions, comme la plupart du marché. 

Surtout, J. Powell a donné sa grille de lecture pour la fonction de réaction de la politique monétaire dans cette phase d’ajustement à la baisse des taux directeurs. La situation du marché du travail sera désormais sa principale boussole. Nous tablions déjà sur une détérioration graduelle de celui-ci, ce qui justifie nos trois baisses des taux d’ici la fin d’année. Mais, J. Powell semble avoir peu de tolérance pour une hausse supplémentaire du taux de chômage, ce qui pourrait se traduire par une surréaction de la politique monétaire. Ceci explique sûrement, en partie, les anticipations de baisses des taux plus agressives soutenues par le marché. 

Il est néanmoins important de souligner que, d’ores et déjà, l’appréciation de la plupart des grandes classes d’actifs (montée de la bourse et forte baisse des taux d’intérêt des obligation souveraines) a largement assoupli les conditions financières pour l’économie américaine. En réalité, elles n’ont jamais été aussi souples depuis le début 2022. Dans les facteurs contribuant à cet assouplissement, nous retrouvons également la dépréciation du dollar. Celle-ci a été très abrupte, le dollar atteignant son plus bas niveau depuis un peu plus d’un an. Ainsi, l’économie américaine est déjà en train de recevoir une stimulation avant même que ne débutent les baisses de taux. Ceci devrait limiter les risques de décrochage abrupt de la croissance. 

Devant les récentes craintes sur une détérioration rapide de la conjoncture américaine, il est rassurant de voir que la confiance des consommateurs telle que mesurée par l’enquête du Conference Board a continué de se redresser en août, retrouvant son niveau de février. Ceci grâce notamment à une vue plus favorable sur les perspectives s’appuyant sur des anticipations concernant la progression des prix qui se modèrent. En revanche, les avis favorables sur la situation de l’emploi continuent de baisser tout en restant encore à un niveau élevé.

En Zone Euro, l’enquête de l’IFO pour le mois d’août en Allemagne a confirmé le message des enquêtes PMI, c’est à dire d’une économie qui a perdu de son dynamisme dans les derniers mois par rapport au début d’année. Les détails des contributions à la croissance du PIB au 2T2024 sont aussi venus confirmer la faiblesse de la demande intérieure, notamment de l’investissement, qui a chuté fortement. Celui-ci, avec la contraction de la consommation, explique le déclin de 0,1% du PIB au 2T2024. Au total, l’économie allemande reste le maillon faible de la croissance de la Zone euro, affecté notamment par un cycle industriel mondial toujours en panne.​​​​​​​

Le propos de J. Powell à Jackson Hole la semaine dernière sont venus renforcer l’opinion du marché du soutien de la Fed. En effet, outre la confirmation de la conviction acquise que nous aurons une première baisse des taux en septembre, les anticipations de baisses des taux pour les trimestres à avenir ont été renforcées.  Les anticipations d’une Fed qui apporterait un soutien fort à l’économie rapidement sont venues soutenir la plupart des classes d’actifs. De ce fait, nous constatons que les conditions financières se sont assouplies de manière remarquable aux Etats-Unis au cours de la dernière période. Celles-ci sont les plus accommodantes depuis le début de 2022 ce qui est un facteur qui devrait atténuer les craintes d’un ralentissement abrupte de l’économie américaine, mais sans évidemment éliminer ce risque.

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