Pas de répit pour les taux

Romane Ballin

Si décembre 2023 avait été marqué par un très net repli des taux, nous avons connu tout l’inverse ces dernières semaines. Le 10 ans américain a ainsi terminé vendredi proche des points hauts de l’année à 4,62% ! En cause, les incertitudes persistantes autour de la mise en œuvre du programme économique de Donald Trump et les craintes inflationnistes qui en découlent. Nous aurons, en tout cas, des premiers éléments de réponse d’ici peu car le 20 janvier, le jour de son investiture, se rapproche. On notera, d’ailleurs, qu’au sujet de l’immigration, il semble déjà prêt à faire des concessions pour les visas délivrés à une main-d’œuvre étrangère qualifiée, après des débats entre Elon Musk et des responsables du Parti républicain. Par le passé, ce type de visa H-1B avait été vivement critiqué par D. Trump, qui avait notamment restreint son obtention, puis suspendu son application lors de son premier mandat. En Europe, les taux souverains ont également été sous pression et de retour sur les points hauts de mi-novembre avec le 10 ans allemand qui avoisine les 2,39%. Bien que ce mouvement soit en partie lié à la dynamique des taux outre-Atlantique et amplifié par la faiblesse des volumes en cette fin d’année, la remontée des prix du gaz européen vers des points hauts annuels (47,5 €/MWh) n’a pas aidé. Au 1er janvier 2025,  le contrat de transit entre la Russie et l’Ukraine arrivera, en effet, à expiration et Kiev ne souhaite pas le prolonger, ravivant ainsi les craintes d’approvisionnement en gaz dans l’Union européenne alors que les stocks sont désormais sous la moyenne de 2019-2023 (à 76% vs 79%).

Du côté des actions, entre prises de bénéfices et hausse des taux, Wall Street, et notamment les géants de la   « tech », ont particulièrement souffert vendredi. Gardons néanmoins en tête qu’après une très bonne performance en 2023, l’année 2024 a de nouveau été un très bon millésime pour le marché américain : le S&P 500 ressort ainsi en hausse d’environ 27% depuis le début de l’année. Depuis sa création en 1957, l’indice n’a affiché des gains de plus de 20% deux années consécutives que trois fois !

Enfin, malgré la trêve des confiseurs, l’actualité politique reste chargée. En Italie, G.  Meloni a réussi à faire adopter son 3ème budget depuis le début de son mandat alors que le flou politique, en France, demeure. Le gouvernement de F. Bayrou a été dévoilé lundi soir mais le véritable enjeu portera sur sa capacité à faire adopter un projet de loi de finances pour l’année 2025 en janvier. En Allemagne, la visibilité est aussi limitée avec l’annonce d’élections anticipées le 23 février. Le calendrier politique pour début 2025 s’avère ainsi déjà bien rempli !

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