Perspectives Monétaires en Europe et aux États-Unis : Analyse de Luca Caruzzo, CIO de la Banque CIC (Suisse)

Luca Carrozzo, CIO de la banque CIC (Suisse) SA décrypte les récentes décisions de politique monétaire face à un environnement économique incertain. Alors que la Banque nationale suisse envisage une nouvelle baisse des taux après un recul notable de l’inflation, les États-Unis maintiennent une approche plus prudente malgré une inflation persistante. En Europe, Christine Lagarde prépare le terrain pour des mesures stimulantes, dans un contexte économique européen fragile. Découvrez comment ces stratégies divergentes pourraient redessiner le paysage économique dans les mois à venir.


L’abaissement des taux d’intérêt opéré en mars par la Banque nationale suisse (BNS) s’explique par la chute des prix à la consommation en Suisse. S’élevant actuellement à 1 %, l’inflation a en effet fortement reculé ces derniers mois. La BNS estime qu’en Suisse, le recul de l’inflation va se poursuivre, ce qui justifie l’abaissement opéré des taux directeurs de 1,75 à 1,5 %. Il est même légitime de se demander si la situation économique actuelle en Suisse ne justifierait pas une deuxième baisse des taux. Le comité présume qu’une nouvelle réduction des taux directeurs est vraisemblable dès le mois de juin.

La situation se présente différemment aux États-Unis, où l’inflation plafonne à un niveau relativement élevé. Les derniers prix à la consommation publiés correspondaient à une inflation de 3,5 % en comparaison annuelle, ce qui dépasse nettement l’objectif de 2 % visé par la Réserve fédérale. En dépit des taux directeurs élevés, l’économie américaine fait preuve d’une grande résilience et surprend les investisseurs par de bons résultats économiques, relativisant ainsi la nécessité d’abaisser les taux d’intérêt dans un proche avenir. Neel Kashkari, membre de la Fed, a inquiété les investisseurs en indiquant que la Reserve fédérale prendra son temps pour diminuer les taux d’intérêt tant que l’inflation ne reculera pas nettement ; cela signale une certaine retenue de la part de la Fed en ce qui concerne des baisses de taux imminentes.

Parmi les grandes banques centrales, c’est incontestablement à Christine Lagarde, présidente de la BCE, que revient la tâche la plus ardue. L’économie européenne n’évoluant pas de manière satisfaisante, elle risque d’entrer en récession technique. Dans le même temps, les différents États membres sont fortement endettés et l’inflation dépasse encore l’objectif fixé par la BCE. Cette dernière a clairement signalé que des baisses de taux d’intérêt figureront bientôt à l’ordre du jour, mais qu’elle ne veut pas courir le risque d’une flambée rapide des prix à la consommation.

Dans ce contexte, le comité macro-économique est d’avis que la Banque nationale suisse pourrait à nouveau abaisser les taux d’intérêt de 0,25 % en juin pour les ramener à 1,25 %. En été, la Banque centrale européenne va sans doute l’imiter afin de relancer l’économie, tandis que la Fed attendra probablement jusqu’après l’été pour se baser sur les taux d’inflation les plus récents.

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