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Piovan, un acteur qui pourrait être bien positionné pour capter l’essor du plastique recyclé

450 millions de tonnes de plastiques ont été produites en 2020 selon l’OCDE. Cette dernière estime que nous en serons à 1,2 milliard de tonnes d’ici à 2060. Bien que la part de la production européenne diminue à l’échelle mondiale, cette croissance exponentielle de la production n’en serait qu’à ses débuts, tirée notamment par la Chine dont un tiers des plastiques produits sur le globe en 2022 seraient originaires. Abordable, polyvalent, efficace, le plastique est devenu au cours des dernières décennies indispensable à notre vie quotidienne. La problématique repose principalement sur l’usage effectué du plastique jetable et de la nécessité absolue de transitionner vers davantage de recyclable. Cette production de plastiques recyclés, encore insignifiante il y a une dizaine d’années, augmente mais ne représenterait qu’environ 10% de la production mondiale.

La part des emballages plastiques recyclés au sein de l’Union Européenne se situerait aujourd’hui autour des 40% de moyenne pour les 27 pays membres. Un niveau encore bien en deçà des objectifs européens de 2025 à 50% et de 2030 à 55%.

La nécessité d’accélérer sur le traitement et le recyclage du plastique est critique, d’autant plus que la réglementation européenne s’intensifie. La récente proposition de la Commission européenne d’un objectif d’incorporer, pour les constructeurs automobiles, au moins 25% de plastiques recyclés dans les nouveaux véhicules d’ici les prochaines années (contre environ 19% aujourd’hui) en est l’exemple. Cette adoption irait de pair avec la montée en puissance, sur le continent, des voitures électriques dont près de 30% du poids serait du plastique.

     Source : OCDE – Investigate Europe

Gay-Lussac Gestion, spécialiste des petites capitalisations européennes, a repéré Piovan SpA, un acteur italien qui pourrait disposer d’un véritable rôle à jouer dans le recyclage des polymères plastiques. Souvent perçue à tort selon la société de gestion comme une entreprise « non ESG » en raison de son exposition au plastique, celle-ci profite pourtant d’un levier opérationnel notable poussé par la législation européenne et du retard du marché américain dans l’économie circulaire.

Les origines du groupe remontent à 1934 quand Costante Piovan, le grand père de l’actuel président Nicola Piovan, ouvrit un atelier de mécanique de haute précision à Padoue. En 1964, Piovan introduisit les premiers équipements auxiliaires pour le traitement des polymères sur le marché italien, avant d’instaurer une bonne diversification dans de nouveaux verticaux à partir des années 1990. Le groupe est aujourd’hui considéré comme l’unique acteur véritablement mondial sur le marché des équipements et services pour les plastiques recyclés, polymères biodégradables à destination de l’industrie et de l’alimentaire.

Il s’agit concrètement de tous les équipements et solutions qui seront ajoutés à une machine de production dans un souci de personnalisation de la part du client. Le tout est intégré dans une plateforme logicielle qui contrôlera l’ensemble de la production. Piovan ne fabrique pas de plastique, l’entreprise optimise les lignes de production. Le groupe répond à des questions telles que le recyclage des biopolymères, la réduction de la consommation d’énergie, le contrôle des polluants et émissions de gaz ou encore la décontamination du plastique alimentaire.

La proposition de valeur semble attractive aux yeux de Gay-Lussac Gestion et les solutions les plus innovantes sont protégées par plusieurs familles de brevets. La R&D fait partie de l’ADN du groupe comme en témoigne le développement récent d’un équipement pour détecter et soustraire l’odeur du plastique, là où certaines usines européennes vont encore employer des personnes pour sentir et mettre les éléments odorants de côté.

La majorité de l’activité repose sur des solutions personnalisées, ce qui confère donc au groupe un faible taux d’attrition, de solides « switching costs » et donc un pouvoir de fixation des prix notable chaque année, selon Gay-Lussac Gestion. Par ailleurs, Piovan se démarque avec un profil d’assembleur plutôt que de constructeur conférant donc un business model faiblement capitalistique et in fine une bonne génération de ROCE supérieure à 20%.

La société opère sur des marchés qui offrent une visibilité historiquement bonne liée à des carnets de commande supérieurs à 6 mois. La croissance devrait continuer d’être porteuse grâce à ce triptyque : « marchés immature, concurrence fragmentée et réglementation favorable ». Le président de la société, également premier actionnaire, a bien conscience de ce potentiel et avec l’aide d’une équipe managériale stable dans le temps, alloue le capital de manière avisée pour consolider le marché. L’acquisition de l’américain IPEG à la fin de 2021 en est une illustration.

Aujourd’hui, le groupe fait toujours état d’une bonne dynamique organique ainsi qu’une progression notable des marges comme en témoigne la dernière publication semestrielle. Les synergies liées à l’intégration d’IPEG progressent mieux que prévues tandis que les perspectives pour le second semestre 2023 sont favorables. Par ailleurs, avec un ratio d’endettement maitrisé à 1x ND/EBITDA 2023e, Nicola Piovan a témoigné de sa volonté de réaliser prochainement une nouvelle acquisition d’envergure.

Pour Paul Edon, co-gérant et analyste financier buy-side chez Gay-Lussac Gestion, le cours de Piovan ne reflète pas la qualité intrinsèque de ce modèle d’affaire ni son potentiel de développement. Cette petite capitalisation semble être pénalisée par le manque de flux sur la classe d’actifs et a vu l’écart entre son prix et sa valeur intrinsèque se creuser ces derniers trimestres. Un constat que le président Nicola Piovan semble partager au regard du rachat d’actions de près de 2 millions d’euros effectué personnellement sur ces niveaux de prix en 2022.

Si la thèse développée par Gay-Lussac Gestion devait se confirmer, le cours pourrait atteindre 13,5 euros. Gay-Lussac Gestion croit au potentiel de cette société et au rôle qu’elle peut jouer en faveur de l’économie circulaire et de la transition écologique. Le titre Piovan Spa est détenu dans plusieurs fonds de la société de gestion.

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