Qui stoppera l’euphorie des marchés américains ?

Thomas Giudici
Thomas Giudici

Alors que les indices américains continuent d’atteindre de nouveaux sommets historiques, portés par un mois de novembre exceptionnel, les marchés européens peinent à suivre le rythme, plombés par une conjoncture économique et politique complexe. Tandis que les investisseurs américains restent stoïques face aux annonces protectionnistes de Donald Trump, la France s’enlise dans ses difficultés, avec un CAC 40 en recul et un climat politique tendu. Dans ce contexte, Thomas Giudici, Responsable de la gestion obligataire chez Auris Gestion, souligne l’importance d’une gestion active et de la constitution de réserves de liquidités face à des perspectives incertaines.

Malgré une semaine relativement calme outre-Atlantique car écourtée par Thanksgiving et le Black Friday, les indices boursiers américains ont continué leur impressionnante marche en avant. Le S&P 500 et le Dow Jones signent ainsi de nouveaux plus hauts historiques en clôture du mois de novembre. L’indice phare américain enregistre même son meilleur mois de l’année avec une hausse de +5.7% (+26.5% depuis le début de l’année) contre -0.5% pour l’Euro Stoxx 50 (+6.3% YTD). La France, empêtrée dans sa crise politique (et financière), est totalement décrochée avec un CAC 40 à -1.6% en novembre (-4.1% YTD).

Si nous avons déjà souligné ce grand écart dans notre dernier rendez-vous du lundi à la faveur d’indicateurs d’activité divergents et du programme pro-business (et pro-américain) voulu par Donald Trump, justifiant en partie cette différence de performances, les marchés financiers américains semblent néanmoins totalement faire fi des potentiels risques inflationnistes liés aux mesures annoncées par le futur Président. Les investisseurs sont, en effet, restés totalement stoïques aux nouvelles propositions de droits de douane (25% pour le Mexique et le Canada et 10% supplémentaire pour la Chine) de Donald Trump, qu’il justifie comme étant une réponse à l’immigration et au trafic de drogues venant de ces pays. Comme dans la fable d’Ésope « L’Enfant qui criait au loup », les marchés n’accourent plus à chaque menace de Donald Trump, y voyant plutôt une technique de négociation qu’une réelle volonté politique. C’est également la vision de la Fed, Jerome Powell ayant récemment déclaré qu’il était encore trop tôt pour prendre en compte dans la politique monétaire de l’institution américaine des décisions politiques encore incertaines. Si le premier mandat de Donald Trump nous a effectivement appris à relativiser ses déclarations, il n’en demeure pas moins que cela crée de l’incertitude et que le risque inflationniste de son programme ne peut être ignoré. Sans être totalement alarmiste, il nous semble néanmoins important d’avoir ce point en tête d’autant plus que, dans le même temps, la baisse des prix aux États-Unis marque le pas. Bien que totalement en ligne avec les attentes lors de la publication pour le mois d’octobre, l’inflation core PCE bute néanmoins sur un plateau depuis maintenant 6 mois (cf. graphique de la semaine) et semble avoir du mal à converger vers l’objectif de la Fed. Alors que les taux américains ont même entamé une baisse depuis leur pic de mi-novembre, nous avons légèrement réduit nos positions actions sur la zone, prenant ainsi une partie de nos bénéfices après des performances records afin de reconstituer des réserves de liquidités (qui rappelons-le sont toujours assez largement rémunérées).

Enfin, si la France semble encore disposer de la mansuétude des agences de notation, le blocage politique, qui semblait inévitable, vient de prendre une nouvelle tournure avec le déclenchement, ce jour, du 49.3 sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et la probable censure du gouvernement. A défaut de visibilité politique, nous en apprendrons probablement davantage sur notre Constitution dans les jours à venir.

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