Rebond des petites capitalisations : quelles perspectives ?

Guillaume Buhours
Guillaume Buhours

Nous faisons le point avec Guillaume Buhours, co-gérant de fonds et analyste financier buy-side chez Gay-Lussac Gestion, sur les récents défis des petites et micro-capitalisations. Il nous explique pourquoi, malgré une période de sous-performance, ces segments de marché recèlent des opportunités à ne pas manquer.

Si un rebond se précise actuellement, les petites capitalisations ont toutefois traversé une période difficile. Quel regard portez-vous sur cette période ?

G.B. : Depuis début 2022, les petites et micro-capitalisations ont nettement sous-performé en raison d’un environnement macroéconomique difficile et d’une politique monétaire restrictive mise en place assez brutalement. La prudence des investisseurs envers ces classes d’actifs a entraîné une fuite significative de liquidités. Cette fuite, combinée à une baisse des résultats, a entraîné une sous-performance de près de 40% par rapport aux grandes capitalisations.

Pouvez-vous expliquer pourquoi ces petites capitalisations restent sous-évaluées et pourquoi cela constitue une opportunité actuellement ?

G.B. : La principale raison de la sous-évaluation notable des petites capitalisations est attribuable aux flux sortants, qui ont impacté de manière disproportionnée la liquidité et, par conséquent, les valorisations de ces actifs. Nous sommes donc confrontés à une opportunité que nous considérons historique, non seulement face aux grandes capitalisations mais aussi comparativement aux transactions similaires dans le secteur du capital-investissement. Par exemple, les multiples d’EBITDA dans le private equity pour des tailles comparables se situent autour de 9 fois, tandis que pour le CAC Small, ces multiples varient entre 6,5 et 7 fois, soulignant ainsi une différence significative de valorisation entre le marché privé et les petites capitalisations en bourse.

Cette situation exceptionnelle n’est pas uniquement reconnue par les gestionnaires de fonds Small et Microcaps parisiens. Les acteurs du capital-investissement ont également saisi cette anomalie. Ils choisissent souvent d’acquérir des entreprises cotées à des valorisations inférieures plutôt que de payer des primes plus élevées sur les marchés privés, délistant parfois ces entreprises en collaboration avec leur management familial. Depuis le début de l’année, nous avons participé à six opérations de ce type chez Gay-Lussac Gestion.

C’est enfin une période remarquable caractérisée par une augmentation significative des offres publiques d’achat, des rachats d’actions et d’autres opérations similaires. Cette situation est inédite et souligne que le management des entreprises, qui comprend profondément les fondamentaux de leurs propres affaires, reconnaît également cette sous-évaluation. Ainsi, le marché anticipe un rebond, motivé par l’amélioration des bénéfices par action dès le deuxième trimestre, après avoir atteint un creux au premier trimestre. Ce point d’inflexion est soutenu par un assouplissement attendu des politiques monétaires.

Quelles sont les perspectives pour les petites capitalisations en termes de valorisation et de performance future ?

G.B. : Les perspectives sont positives. Nous voyons un rebond des bénéfices par action prévu à partir du deuxième trimestre, accompagné d’un assouplissement des conditions monétaires qui devrait stimuler l’appétit pour le risque et favoriser les petites capitalisations. La BCE est prévue pour baisser ses taux en juin, et nous attendons de voir si des baisses similaires suivront aux États-Unis. Le marché en tant que tel devrait être aux alentours des 10% ou 12% en moyenne pour les prochaines années, sensiblement au-dessus de ce qu’on attend pour les Large Caps. Chez Gay-Lussac Gestion, nous anticipons des performances de 14% ou 15% en moyenne sur les deux prochaines années.

Pour terminer, pouvez-vous nous dire quelques mots sur le dernier né de votre gamme, Microcaps Monde ?

G.B. : Le fonds Gay-Lussac Microcaps Monde s’inscrit dans le prolongement de notre gamme historique. Il investit dans des petites valeurs issues de pays développés uniquement avec une exposition sectorielle similaire à nos autres fonds (industrie/IT).  Depuis son lancement le 30 juin 2022 Gay-Lussac Microcaps allie une volatilité significativement réduite (7%) à une performance de +15,1% depuis création. Satisfais par ses performances nous débutons donc sa commercialisation.

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