La plateforme de la sélection de fonds et de la gestion d’actifs

SFDR 2.0 va secouer la Gestion d’Actifs

Beaucoup de choses peuvent arriver d’ici fin la fin d’année mais il semble que l’avenir de SFDR 1.0 devient de plus en plus incertain.

Comme l’indiquions lors d’articles précédents le webinaire organisé par la Commission Européenne s’est focalisé sur les défauts de « SFDR 1.0 » et les alternatives possibles, notamment les « labels » inspirés de l’initiative de la FCA Britannique.

Parmi les points saillants :

  • 66% des participants au webinaire considèrent que la législation actuelle engendre davantage de confusion que de clarté, augmentant ainsi le risque de greenwashing.
  • Une majorité (60%) espère que la version mise à jour, « SFDR 2.0 »,devra englober tous les produits financiers, durables ou non.
  • Un chiffre choc : 57% des participants n’ont pas proposé une adaptation des règles existantes.

Verena Ross, à la tête de l’ESMA, a souligné que les informations de durabilité fournies par SFDR 1.0 étaient souvent incomprises par les investisseurs individuels. Ce constat a été appuyé par le représentant du ministère de l’économie français, qui a prôné un système de labellisation et douté ouvertement d’une compatibilité de ce système avec la classification actuelle (les controversés art 8 et 9).

Les opinions exprimées lors du webinaire suggèrent un désir partagé entre régulateurs et professionnels d’un remaniement en profondeur de SFDR pour parvenir à un véritable système de labellisation. Ce changement devrait influencer la manière dont les fonds ESG sont gérés et dont les informations relatives à leur « durabilité » sont communiquées.

SFDR 1.0 demeure en vigueur au moins jusqu’à l’élection de la nouvelle commission en 2024. Mais nombreux sont ceux dans le secteur qui croient que son sort est déjà scellé. La régulation, bien qu’ayant de nobles intentions, présente d’importantes lacunes. Le défi principal : concilier des contraintes financières accrues avec un bénéfice « extra-financier » qui n’est pas vraiment perçu par les clients.

Par ailleurs, la gestion d’actifs en Europe est confrontée à une redoutable dichotomie. D’une part, les géants du secteur doivent respecter les directives de « SFDR 1.0 ». D’autre part, ils rivalisent sur le marché mondial avec des firmes comme Blackrock, qui suivent des directives ESG différentes.

L’Europe, bien qu’elle ait été une courageuse pionnière dans le domaine de la finance durable, doit accepter deux réalités :

1. Les titans de la gestion d’actifs sont majoritairement anglo-saxons, avec Blackrock et Vanguard gérant conjointement 16 trillions de dollars, contre 2,1 trillions pour Amundi, 1er gérant d’actifs européen.

2. Le financement de la transition durable nécessite une collaboration entre les fonds publics et privés. Jusqu’à présent, SFDR 1.0 n’a pas su répondre à cet impératif.

Des annonces clés dans la régulation ESG sont attendues très prochainement notamment les conclusions du forum UE-Royaume-Uni sur la régulation financière et la publication imminente des règles de finance durable du Royaume-Uni. Aux Etats-Unis, La SEC va dévoiler sa réglementation sur les informations environnementales des fonds devant être communiquées par les conseillers en investissement et les institutions financières.

Quelles sont les conséquences pour les gérants d’actifs européens?

Les labels nationaux européens (ISR, TIBI, Greenfin) devraient rester des initiatives locales qui s’éteindront dans l’indifférence polie des grands acteurs au pire ou, au mieux, devenir des sortes de « badges » qui n’ajoutent pas grand-chose mais enjolivent des plaquettes ou des reportings.

D’un autre côté, l’approche ESG du Royaume-Uni, compatible à la fois avec l’approche ESRS de l’UE et celle de l’ISSB-SEC, s’annonce comme le modèle dominant de la finance durable, dictant les paramètres de l’industrie financière globale.

Une révolution des processus d’investissement ESG devra accompagner l’évolution de la règlementation. Les Sociétés de Gestion devront disposer de leur propre processus d’analyse ESG…ce qui nécessitera des moyens importants. La simple incorporation d’analyses ou de notations externes, telles que celles fournies par MSCI ou Sustainalytics, ne seront plus suffisantes, même si elles sont augmentées par des algorithmes sophistiqués ou de méthodologies permettant de pondérer des critères jugés importants par la société de gestion.

Nos interactions avec les professionnels de l’industrie se résument en cinq perspectives distinctes:

1. L’Optimisme Confiant : Ceux qui se sentent épargnés par ce changement, confortés par une gamme de produits clairs et distincts.

2. L’Assurance des Experts : Des sociétés sereines grâce à la présence d’experts ESG, confiantes dans leur capacité d’adaptation face à toute réforme.

3. L’Attente Prudente : Certains préfèrent suspendre leur jugement, submergés par la complexité des nouveaux enjeux.

4. L’Anticipation Stratégique : Pour d’autres, la SFDR 2.0 est une véritable révolution. Il s’agit de repenser la donne pour maintenir, voire renforcer, sa position sur le marché.

5. Le Pessimisme Stratégique : Certains voient en ces changements une menace insurmontable pour leur compétitivité et envisagent même des stratégies de sortie avant les bouleversements redoutés.

Notre position ? Sans équivoque, nous nous identifions à la quatrième catégorie. La refonte en cours de la SFDR est plus qu’un simple ajustement réglementaire ; c’est une remise en question des fondements de la gestion d’actifs, en particulier sur les fonds ESG.

À ce titre, nous encourageons vivement chaque Société de Gestion, particulièrement celles engagées dans une démarche ESG, à saisir cette occasion pour affiner leur vision stratégique. Plusieurs questions clés se posent :

  • Vision et Engagement : Qu’est-ce que cela signifie d’être un acteur majeur de la finance durable aujourd’hui ?
  • Moyens et Ressources : Possédons-nous les outils nécessaires pour être à la hauteur de nos ambitions ?
  • Redéfinition Stratégique : Comment repenser notre positionnement à travers le prisme de la finance durable ?
  • Ciblage Client : À quels clients s’adresser, avec quelles offres ?
  • Organisation et Processus : Comment structurer nos équipes et processus pour optimiser notre efficacité ?
  • Communication : Enfin, comment parler de ces changements, non seulement en interne, mais aussi à nos clients et partenaires ?

L’avenir, bien qu’incertain, est riche de possibilités. Mais une chose est sûre : la SFDR 2.0 ne sera pas une simple formalité. Elle demande une réflexion approfondie et une adaptation proactive. À nous de saisir cette opportunité pour façonner l’avenir de la finance durable.

Partager cette publication
URL de partage
Précédent

L’Espresso des marchés du 20 Octobre 2023

Suivant

A quand la fin de la flambée des taux obligataires souverains ?

Accès Premium actif !

Vous avez désormais accès à toutes les publications Premium.