Une respiration après l’euphorie post-élection aux USA

L’optimisme des marchés s’est un peu calmé la semaine dernière, les actions américaines annulant la moitié de leur hausse qui avait suivi l’élection de D. Trump. Cela vient en partie du fait que les politiques qui seront mises en place par la nouvelle administration Trump sont encore incertaines, dans leur ampleur et leur calendrier, et qu’elles ne sont pas toutes positives pour l’économie. Les politiques proposées sont pro-business aux Etats-Unis mais aussi inflationnistes, haussières pour les taux et négatives pour le reste du monde. Cela se reflète dans le resserrement des conditions monétaires aux Etats-Unis, avec des taux longs américains proches de leur plus haut depuis 4 mois, avant les premières baisses de taux de la Fed, et un dollar au plus haut depuis un an.

Les marchés commencent aussi à questionner la capacité de la Fed à baisser ses taux en décembre, surtout après que Powell ait dit que la Fed devait être « prudente » dans son assouplissement monétaire. Ce changement de ton ne vient pas des spéculations sur les politiques que la nouvelle administration pourraient mettre en œuvre dans les prochains trimestres, mais des données économiques. En effet, le taux de chômage est 0,3pt en dessous et l’inflation cœur risque d’être 0,3pt au-dessus des prévisions de la Fed pour la fin de l’année. Si ces données rendent la décision de la Fed en décembre incertaine, nous pensons tout de même que la Fed baissera ses taux en décembre, et que la prudence se traduira plutôt par des baisses de taux plus limitée l’année prochaine en fonction des politiques mises en œuvre.

Dans ce contexte, nous pensons que la consolidation des actifs risqués représente plutôt une respiration après l’euphorie post-élection, et que les perspectives pour les marchés restent positives pour les prochaines semaines. Surtout qu’au-delà de la politique américaine, les surprises économiques sont plutôt porteuses.

Aux Etats-Unis, l’activité se calme un peu en octobre, en partie à cause des grèves et des ouragans de l’automne.  Mais elle conserve une dynamique solide à l’approche de la fin de l’année, avec une croissance au-dessus de 2%.

En Chine, les données d’octobre confirment la stabilisation de l’économie suite aux mesures de soutien annoncées par les autorités depuis mi-septembre. C’est rassurant après le fort ralentissement de l’été et réduit les risques pour le cycle mondial à court terme, même si les perspectives de moyen terme pour la Chine restent faibles sans des mesures plus importantes.

En Europe, la croissance anglaise a ralenti plus qu’attendu cet été, à cause d’éléments volatiles et de l’incertitude budgétaire. Mais la consommation continue de se reprendre, comme dans le reste des pays développés, ce qui est positif pour le cycle. Nous pensons toujours que la croissance devrait rester limitée mais positive en Europe dans les prochains trimestres.​​​​​​​

Etats-Unis: l’Euphorie post-élection sur les actions se calme, en partie à cause des taux et du dollar élevés

Etats-Unis: l’Euphorie post-élection sur les actions se calme, en partie à cause des taux et du dollar élevés

Etats-Unis: L’activité est un peu plus limitée en octobre, à cause d’éléments temporaires

Etats-Unis: L’activité est un peu plus limitée en octobre, à cause d’éléments temporaires

Les données d’activité pour le mois d’octobre indiquent que l’activité a été un peu moins dynamique au début du T4 après un T3 très solide, tout en restant bien orientée pour la fin de l’année.
Les ventes au détail ont progressé de 0,4% sur le mois d’octobre après 0,8% en septembre, tirée par une forte hausse des ventes de voitures. Les ventes au détail cœurs, celles qui entrent dans le calcul de la consommation pour le PIB, baissent en revanche de façon inattendue (-0,1% sur le mois). Mais cela fait suite à une hausse deux fois plus forte qu’initialement estimée en septembre (+1,2% au lieu de 0,7%), de telle sorte que la tendance des ventes reste solide. Notons aussi que la baisse des ventes cœurs en octobre s’explique par la baisse du prix des biens sur le mois, d’où des ventes au volume stagnantes et non en baisse.
La production industrielle baisse de nouveau en octobre, de 0,3% après -0,5% en septembre. Cela s’explique en grande partie par l’impact temporaire des ouragans de l’automne et de la grève chez Boeing, qui a fait baisser la production industrielle de 0,5% sur les deux derniers mois d’après la Fed. Au total, l’activité industrielle reste stagnante aux Etats-Unis, ce qui est faible mais pas alarmant.

Etats-Unis: la croissance ralentit un peu mais reste élevée au début du T4

Etats-Unis: la croissance ralentit un peu mais reste élevée au début du T4

Après les premières données d’activités pour ce trimestre, l’estimation du PIB de la Fed d’Atlanta pour le 4ème trimestre s’élève à 2,5%, plus bas que les 3% du milieu d’année mais encore au-dessus de la croissance tendancielle des Etats-Unis que l’on estime autour de 2%. L’économie reste donc solide même si elle ralentit quelque peu.

Chine :  l’activité réaccélère un peu au début du T4

Chine :  l’activité réaccélère un peu au début du T4
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En Chine, les données d’activité pour le mois d’octobre indiquent une légère reprise fin 2024 grâce au soutien à la consommation et au marché immobilier, ce qui devrait stabiliser la croissance proche de la cible de 5% à court terme.
La principale bonne nouvelle est que les ventes au détail rebondissent de 3,2% à 4,8% en glissement annuel, soit leur plus haut niveau depuis 8 mois. Cela suggère que la consommation réagit un peu au soutien des autorités, même si cela reste limité. Elle bénéficie des subventions ciblées introduites pour soutenir l’achat de bien d’équipement de la maison et de voitures et de la hausse des dépenses publiques, ce qui est un soutien de court terme. Elle bénéficie aussi de la moindre baisse du marché immobilier, avec des prix qui baissent deux fois moins vite que le mois précédent (-0,5% sur le mois) et des ventes qui se stabilisent un peu.

Chine :  La consommation se reprend alors que l’investissement se stabilise

Chine :  La consommation se reprend alors que l’investissement se stabilise
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La production industrielle est un peu moins dynamique qu’en septembre mais plus solide que cet été, avec une croissance de 5,3%. Pourtant elle bénéficie encore d’une demande extérieure forte en octobre. Cela reflète probablement l’investissement qui reste limité, avec une croissance stable à 3,4%. L’investissement reste plombé par la baisse de l’investissement immobilier, qui baisse plus qu’en 2022 et 2023 cette année (-10,3%) alors que l’investissement en infrastructure commence juste à se reprendre après les émissions élevées de dette publique depuis 2 mois.

La croissance chinoise devrait rester satisfaisante dans les prochains mois grâce à un rebond temporaire de la consommation, à une légère reprise de l’investissement publique et à une demande extérieure solide, surtout si les entreprises anticipent des tensions commerciales l’année prochaine.
Cela dit, les mesures prises par les autorités sont jusque-là insuffisantes pour permettre une réaccélération durable de l’économie chinoise au-delà de l’hiver, surtout si les tensions commerciales s’intensifient. D’où notre point de vue que la Chine ne devrait plus être un frein à la croissance mondiale au tournant de l’année mais qu’elle continuera à ralentir en tendance à moyen terme.

Royaume-Uni :  la croissance ralentit mais la demande domestique reste solide

Royaume-Uni :  la croissance ralentit mais la demande domestique reste solide
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Au Royaume-Uni, la croissance a nettement ralenti cet été après un premier semestre très dynamique, mais la demande domestique reste plutôt bien orientée. Cela montre que le rebond de l’activité en début d’année exagérait la croissance mais que les perspectives sont légèrement positives. La reprise devrait continuer à un rythme limité l’année prochaine, aidée par des politiques budgétaires et monétaires moins restrictives mais contraintes par le potentiel domestique réduit et les risques sur le commerce mondial.

Le PIB anglais n’a augmenté que de 0,1% au T3 après avoir rebondi de plus de 0,5% lors des deux premiers trimestres de l’année. Ce ralentissement est plus marqué qu’attendu car l’activité a baissé de 0,1% au mois de septembre alors qu’elle progressait de 0,2% les deux mois précédents, ce qui implique aussi un acquis plus faible pour le trimestre actuel. Cela dit, cette baisse d’activité assez généralisée sur le mois vient probablement en partie de l’incertitude budgétaire avant la présentation du budget du nouveau gouvernement mi-octobre, ce qui expliquerait aussi la baisse de la confiance des ménages et des entreprises depuis 2 mois. Si c’est le cas, cet effet devrait s’inverser durant le reste de l’année et permettre une croissance encore positive au T4.

Surtout que le détail du PIB du T3 est plus encourageant que le chiffre de croissance. En effet, le fort ralentissement du PIB vient d’une contribution très négative des stocks (-0,9pt) qui n’est que partiellement compensée par la baisse des importations nettes. En fait, la demande domestique reste solide avec une hausse de 0,5% de la consommation des ménages et de 1,2% de l’investissement des entreprises. Si l’investissement est volatile trimestre par trimestre, il progresse sur un an pour la première fois de l’année alors que la reprise de la consommation suggère que le choc de pouvoir d’achat s’estompe bien

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